Appel : « Refusons la peine de mort lente infligée à Georges Ibrahim Abdallah »

Une conférence de presse s’est tenue jeudi 3 octobre pour appuyer la parution dans l’Humanité de la Tribune intitulée « Refusons la peine de mort lente infligée à Georges Ibrahim Abdallah ».

Sont intervenu.e.s Andrée Taurinya, députée de la Loire, Sylvie Ferrer, députée des Hautes-Pyrenées, Elsa Faucillon, députée des Hauts-de-Seine, Andrée Chassaigne, députée du Puy-de-Dôme et Me Jean-Louis Chalanset, avocat de Georges Ibrahim Abdallah.

Visionner la conférence de presse : https://www.youtube.com/watch?v=Aby2RZR0KKg

Lire l’appel : https://www.humanite.fr/en-debat/georges-ibrahim-abdallah/refusons-la-peine-de-mort-lente-infligee-a-georges-ibrahim-abdallah

En voici le texte :

« Plus vieux prisonnier politique de France, Georges Ibrahim Abdallah endure aujourd’hui sa 40e année d’incarcération. Libérable depuis plus de vingt ans, il attend avec toute la patience du monde que justice lui soit rendue dans la prison de Lannemezan. Sa dixième demande de libération conditionnelle a été déposée au tribunal d’application des peines de Paris, le 8 juin 2023.

La disparition récente de Robert Badinter a été l’occasion de saluer son combat humaniste contre la peine de mort. Son abolition s’est pourtant accompagnée en quelques années de l’étirement des peines de réclusion criminelle assorties de peines de sûreté incompressibles. Infiniment plus silencieuses que les exécutions judiciaires, mais non moins révoltantes, ces peines de morts lentes, dites « morts blanches », sont condamnées par le droit de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Dans son arrêt « Vinter contre Royaume-Uni », la Cour européenne des droits de l’homme énonce qu’il doit être offert un espoir de libération à la personne condamnée à une peine perpétuelle. Le contraire reviendrait à lui infliger un traitement inhumain et dégradant. Une procédure de réexamen de sa situation doit donc être instituée et rendue effective, l’issue ne devant pas dépendre d’un pouvoir discrétionnaire.

Georges Ibrahim Abdallah se trouve précisément dans cette situation ubuesque. Sa nationalité libanaise complexifie les modalités du processus de libération conditionnelle à laquelle il a pourtant droit. En effet, il est soumis au régime juridique de la « libération expulsion ». Par deux fois déjà, le juge d’application des peines a confirmé sa demande de libération qui n’a pu aboutir en l’absence d’un arrêté d’expulsion vers le Liban que l’exécutif tarde à prendre. Les États parties civiles à cette procédure, qui échouent à contrecarrer sa requête devant les tribunaux, exercent ensuite des pressions diplomatiques importantes pour empêcher l’aboutissement de cette démarche.

Nous, élu·es, artistes, écrivain·es, universitaires, juristes, militant·es, citoyen·nes, dénonçons ce mépris du principe d’indépendance de l’autorité judiciaire et du respect de la dignité humaine. Cette libération demeure aujourd’hui soumise à l’arbitraire du ministère de l’Intérieur qui s’abstient d’agir en fonction d’un agenda diplomatique que le président de la République choisit de suivre. Nous condamnons la peine de mort lente infligée à Georges Ibrahim Abdallah et appelons à sa libération. »

Parmi les premiers signataires : Annie Ernaux, écrivaine, prix Nobel de Littérature – Robert Guédiguian, réalisateur – Frédéric Lordon, philosophe – Corinne Masiero, comédienne – Gérard Mordillat, auteur et cinéaste – Lydie Salvayre, écrivaine, prix Goncourt 2014 – Yannis Youlountas, philosophe et réalisateur – Sophie Binet, secrétaire générale CGT – Christian Eyschen, porte-parole de l’association internationale de la Libre Pensée – Benoît Teste, secrétaire général FSU – Pierre Stambul, porte-parole de l’UJFP – Anne Tuaillon, présidente de l’Association France-Palestine solidarité – L’association Tsedek – Jean-Luc Mélenchon, co-président de l’Institut La Boétie – Des député·es des groupes La France Insoumise-NFP, Gauche Démocrate et Républicaine, Écologiste et sociale, Socialistes et apparentés, Ensemble pour la République, Modem, Écologiste-Solidarité et Territoire…