Prisonniers palestiniens : une école révolutionnaire

par Khaled Barakat, coordinateur international de la Campagne pour la libération d'Ahmad Saadat (secrétaire général du FPLP)

 

Cet article, écrit par Khaled Barakat, coordinateur international de la Campagne pour la libération d’Ahmad Saadat (secrétaire général du FPLP), a été publié en arabe sur Almayadeen, traduit en anglais sur Samidoun et en français sur Coup Pour Coup 31.

Extraits :

(…) Il existe des exemples exceptionnels, dans lesquels les prisonniers deviennent des travailleurs journaliers qui portent la responsabilité de la cause nationale et portent le fardeau de leurs rôles d’icônes, de symboles et de «généraux de patience». Ceux qui sont emprisonnés pendant de longues années et des décennies, deviennent aux yeux du peuple les modèles d’une boussole morale qui souligne la valeur de la liberté et les vertus de la fermeté, du sacrifice et de l’altruisme.

Les noms et les expériences sont nombreux ; ils ne se limitent pas à Nelson Mandela, Mumia Abu Jamal, Larbi Ben M’hidi, Georges Abdallah, Oscar Lopez Rivera et Ahmad Sa’adat, ni au combattant emprisonné Karim Younis, qui entre aujourd’hui dans sa 37e année dans les prisons du colonisateur sioniste.

«Les prisonniers font partie de la lutte de résistance», explique l’ancien prisonnier Ahmad Abu Saud. (…)

Charlotte Kates, coordinatrice internationale du Réseau de Solidarité avec les Prisonniers Palestiniens Samidoun, estime que «les dirigeants emprisonnés dans les prisons israéliennes, tels que Karim Younis, Khalida Jarrar, Ahmad Saadat, Nael Barghouthi et de nombreux autres combattants contre le sionisme et l’occupation, ont une influence qui s’étend tout au long du mouvement palestinien et arabe et au-delà, à la lutte internationale contre le colonialisme, l’impérialisme et le racisme. Ce sont des révolutionnaires et des leaders d’un mouvement international qui se bat pour une alternative globale, pour la justice sociale et pour la libération nationale et sociale.» (…)

Notes :

Nelson Mandela : dirigeant historique de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, arrêté en 1962 par la police sud-africaine sur indication de la CIA, puis condamné à la prison et aux travaux forcés à perpétuité, libéré en 1990 au bout de 27 années d’emprisonnement, président de la République de 1994 à 1999, décédé en 2013.

Mumia Abou Jamal : militant afro-américain, d’abord avec les Panthères noires, puis comme journaliste indépendant, condamné à la peine de mort en 1982, condamnation annulée en 2008 et commuée en peine de prison à vie.

Larbi Ben M’hidi : militant nationaliste algérien, l’un des fondateurs du FLN, arrêté en 1957, torturé puis assassiné par l’armée française.

Georges Ibrahim Abdallah : communiste révolutionnaire militant au sein du FPLP, membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), arrêté en 1984 et condamné à la réclusion à perpétuité en 1987, entame une 35e année de détention dans les prisons françaises.

Oscar Lopez Rivera : combattant indépendantiste portoricain, arrêté et condamné en tant que membre d’un mouvement pour l’indépendance de Porto Rico (FALN), libéré en mai 2017 après 36 ans dans les prisons étasuniennes.

Karim Younis : Palestinien de 48, doyen des prisonniers palestiniens, militant du Fatah, condamné par une Cour militaire israélienne à la prison à vie en 1983.

Khalida Jarrar : députée palestinienne, membre du FPLP, avocate des prisonniers politiques, arrêtée en 2015 puis en 2017 par les forces d’occupation israéliennes en raison de ses activités politiques, depuis, en détention provisoire renouvelée.

Nael Barghouthi :  59 ans, emprisonné pendant 36 ans dans les prisons israéliennes, libéré en 2011 lors d’un échange de prisonniers, de nouveau arrêté en 2014 avec une ré-imposition de l’ancienne sentence soit la condamnation à perpétuité + 18 ans.☞

Ahmad Saadat : secrétaire général du FPLP, incarcéré à Jéricho par l’Autorité palestinienne, enlevé par les forces d’occupation israéliennes en 2006 et condamné à trente ans de prison.

Ces exemples de prisonniers politiques cités par Khaled Baraka et Charlotte Kates ont en commun, leur lutte révolutionnaire contre le colonialisme, leur résistance au pouvoir hégémonique d’un peuple sur un autre, leur courage face à l’acharnement des États à les anéantir.

« Dans leur guerre déchainée contre les masses populaires et les protagonistes révolutionnaires agissant contre le système au sein des mouvements de lutte en cours, ils cherchent par tous les moyens à transformer les prisonniers révolutionnaires d’une référence de lutte en un exemple servant à terroriser les rebelles récalcitrants.. C’est pourquoi il leur faut absolument, à défaut de pouvoir les briser afin qu’ils abjurent et renient leurs convictions, les enterrer vivants et ainsi s’en servir le plus longtemps possible pour peser sur le moral de ceux et celles qui luttent. » Georges Abdallah, mars 2015.