Georges Abdallah – Retour sur l’affaire Mazurier

Le 28 février 1987 Georges Abdallah était condamné à la réclusion à perpétuité après 70 minutes de délibération d'une cour spéciale composée de 7 magistrats. Quelques jours après Me Mazurier, un de ses avocats, publiait un livre où il déclarait avoir travaillé pour les services secrets français. Le procès n'a pas pour autant été annulé.
La une du journal Le Quotidien de Paris titrant sur la trahison de Mazurier

 

Nous reprenons ci-dessous les titres des articles parus dans le journal Le Monde à ce sujet, ce qui donne un aperçu de cette incroyable histoire.

Source des articles : http://www.lemonde.fr via le module de recherche


Bluff » ou « nullité » ?
Article publié le 04 Mars 1987
A peine tombé le verdict de la cour d’assises de Paris, l’affaire Abdallah connait un nouveau coup de théâtre. Le livre de Laurent Gally, journaliste à Libération, que s’apprêtaient à publier, dès cette semaine, les éditions Robert Laffont dévoile l’un des ressorts encore caché au grand public de ce dossier policier : le premier avocat de Georges Ibrahim Abdallah, Me Jean-Paul Mazurier, du barreau de Paris, aurait accepté d’informer, parallèlement, la DGSE, le service d’espionnage français.

Après la condamnation du chef présumé des FARL Premier avocat de Georges Ibrahim Abdallah Me Jean-Paul Mazurier était un agent de la DGSE

Article publié le 07 Mars 1987
Avocat de Georges Ibrahim Abdallah, Me Jean-Paul Mazurier était, en même temps, un agent de la DGSE. Agé de trente-deux ans, il fut l’ami et le défenseur du chef des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), durant plus de deux ans, d’octobre 1984 à fin 1986, tout en étant un  » agent noir  » du service d’espionnage français, c’est-à-dire l’un de ses membres _ et non pas un simple  » honorable correspondant « , _ rémunéré en échange d’une disponibilité totale pour sa « mission ».

Me Vergès demande au garde des Sceaux de  » dénoncer  » l’arrêt de la cour d’assises de Paris

Article publié le 10 Mars 1987
Défenseur de Georges Ibrahim Abdallah, Me Jacques Vergès a choisi une ligne de conduite strictement politique. Après le verdict de la cour d’assises spéciale condamnant son client à la réclusion à vie, puis les révélations de Me Jean-Paul Mazurier, premier défenseur du chef des FARL, se dévoilant lui-même comme agent des services secrets français, Me Vergès s’est refusé à introduire un pourvoi en cassation. Mais, dans une lettre adressée le 6 mars à M. Albin Chalandon, ministre de la justice, il renvoie la balle dans le camp du gouvernement.

Me Jean-Paul Mazurier donne sa démission du barreau de Paris

Article paru dans l’édition du 11.03.87
Me Jean-Paul Mazurier n’est plus avocat : l’ancien défenseur de Georges IbrahimAbdallah, qui était en même temps un agent de la DGSE, a fait remettre, lundi 9 mars, par son avocat, Me François Gibault, sa lettre de démission au conseil de l’ordre des avocats de Paris. Agé de trente-deux ans, Me Mazurier tire ainsi de lui-même les conséquences de son choix, qui l’avait conduit _ consciemment _ à trahir son client, en acceptant de collaborer avec les services français afin, assure-t-il, d' »arrêter les attentats ».
Dans le livre d’entretiens avec le journaliste de Libération Laurent Gally, l’Agent noir, une taupe dans l’affaire Abdallah (le Monde du 7 mars), où il révélait son double jeu, Me Mazurier laissait déjà entendre qu’après sa parution il n’avait pas d’autre solution que d’abandonner sa profession d’avocat.
Me Mazurier comparaitra devant le conseil de l’ordre des avocats
Article paru dans l’édition du 12.03.87
Le conseil de l’ordre des avocats à la cour de Paris a pris acte mardi 10 mars, au cours de sa réunion hebdomadaire, de la démission que lui a adressée Me Jean-Paul Mazurier après les déclarations faites par ce dernier sur le rôle qu’il joua en sa qualité de premier défenseur de Georges Ibrahim Abdallah. Pour autant, cette démission, précise-t-on à l’ordre des avocats, ne met pas fin au pouvoir disciplinaire du conseil, qui a fait savoir par un communiqué que « la procédure disciplinaire qui a été engagée se poursuit et sera conduite jusqu’à son terme ».

Après la condamnation du chef des FARL M. Chalandon ne veut pas renvoyer Georges Ibrahim Abdallah aux assises

Article publié le 21 Mars 1987
M. Albin Chalandon, ministre de la justice, ne souhaite pas qu’une cour d’assises se saisisse une seconde fois du dossier de Georges Ibrahim Abdallah. Le défenseur de celui-ci, Me Jacques Vergès, avait écrit, le 6 mars, au garde des sceaux pour lui demander de « dénoncer » l’arrêt condamnant le chef présumé des FARL à la réclusion criminelle à perpétuité. La réponse de M. Chalandon n’est pas encore officielle, mais il apparait qu’elle sera négative.

« J’ai travaillé pour mon pays » déclare M. J.-P. Mazurier ancien avocat d’Abdallah

Article paru dans l’édition du 31.03.87
Jean-Paul Mazurier, ancien avocat de Georges Ibrahim Abdallah a justifié dimanche 29 mars sur TF 1, les informations qu’il avait données sur son client aux services de renseignements français.
C’est après avoir été remis en liberté par M. Michel Legrand, juge d’instruction chargé du dossier sur les attentats parisiens de septembre 1986, que M. Mazurier, qui venait de passer vingt-quatre heures en garde à vue, a déclaré : « J’ai travaillé pour mon pays ; je suis fier d’avoir mené ce combat, quelles qu’en soient les conséquences. Je l’ai fait pour éviter des bains de sang, pour éviter que des attentats ne se produisent. »
M. Mazurier a également précisé que l’initiative de cette démarche lui revenait et qu’il n’avait ni « trahi » ni « violé le secret professionnel ». L’ancien avocat a également précisé que, selon lui, il avait bien travaillé pour la DGSE (service d’espionnage français) et non pour la DST (service de contre-espionnage).

Ancien défenseur de Georges Ibrahim Abdallah Me Jean-Paul Mazurier radié du barreau de Paris

Article publié le 25 Juillet 1987
Le conseil de l’ordre des avocats du barreau de Paris vient de radier de la profession Me Jean-Paul Mazurier, ancien avocat de Georges Ibrahim Abdallah, qui, dans un livre publié en mars dernier par le journaliste Laurent Gally sous le titre l’Agent noir, avait confessé avoir informé la DST de confidences obtenues auprès de son client. Le conseil de l’ordre s’était saisi du cas de Me Mazurier en dépit de la démission que lui avait présentée celui-ci.

JUSTICE La radiation de Me Mazurier est annulée par la cour de Paris

Article publié le 30 Avril 1988
Radié de la profession par le Conseil de l’ordre des avocats du barreau de Paris, le 16 juillet 1987, Me Jean-Paul Mazurier a bénéficié, mercredi 27 avril, d’un arrêt de la cour d’appel de Paris, statuant en assemblée composée de neuf magistrats des trois premières chambres, sous la présidence de M. Pierre Drai, qui ramène la sanction disciplinaire à une suspension pour une durée de trois années. …elle a ramené à trois ans de suspension la sanction motivée par le fait qu’à l’époque où il était défenseur de Georges Ibrahim Abdallah, chef présumé des Fractions armées révolutionnaires libanaises (FARL), Me Mazurier renseignait aussi les services français sur ce que lui apprenait son client.