Déclaration unitaire devant la prison de Lannemezan (26/10/24)

Camarades et ami.e.s,


Nous voici donc rassemblés pour la 15e fois, mais plus nombreux que jamais, devant cette prison de Lannemezan, pour clamer dans l’unité notre solidarité active avec un authentique résistant, devenu l’exemple même de l’engagement de toute une vie de militant communiste au service de l’émancipation humaine, un symbole du combat inachevé pour en finir avec l’exploitation capitaliste, l’oppression nationale, le colonialisme sioniste et l’impérialisme mortifère, notre camarade Georges Ibrahim Abdallah. Et nous n’oublions pas de saluer et d’exprimer également notre solidarité avec les autres militants, Basques et Kanak déportés, emprisonnés ici.


Oui, Georges Abdallah, tes camarades sont là ! Ils sont là, devant ces sinistres murs pour exiger toujours plus fort ta libération en cette 41e année d’incarcération dans une prison de l’État français, cet État dont les gouvernements successifs, de droite comme de gauche, te maintiennent captif pour punir celui qui osa revendiquer, devant une justice d’exception aux ordres, les actes de résistance accomplis par son organisation, les FARL, pour frapper dans ce pays les agents de l’envahisseur sioniste et de ses maîtres étatsuniens. Mais avec cette détention clairement politique, la plus longue en cours en Europe, l’État français manifeste aussi qu’il défend ses intérêts de puissance impérialiste au Moyen-Orient, aux côtés de l’entité sioniste.
L’État sioniste pourrait-il en effet mener depuis plus de 76 ans et poursuivre depuis plus d’un an sa guerre génocidaire contre le peuple palestinien, contre tous les peuples de la région et en ce moment même contre le peuple libanais s’il n’était puissamment armé et inconditionnellement soutenu par l’impérialisme global, dont la France reste en Europe un pivot essentiel ?


Oui, si nous sommes aujourd’hui réunis si nombreux, avec nos drapeaux aux couleurs de la Palestine et du Liban, avec les portraits de notre camarade, avec nos banderoles et nos slogans exigeant sa libération et saluant le combat libérateur du peuple palestinien et la résistance des peuples de cette région, celle de tout le camp de la résistance, c’est bien parce que le combat du révolutionnaire libanais Georges Abdallah est indissociable de la lutte de libération nationale du peuple palestinien, c’est bien parce que celle-ci le revendique comme un de ses combattant tombés aux mains de l’ennemi, un de ces milliers d’héroïques prisonniers dont la résistance au sein même de l’enfer carcéral exige toute notre solidarité. Redisons-le : la solidarité avec notre camarade Georges Abdallah, l’exigence de sa libération est notre devoir d’acteurs de la solidarité avec la lutte palestinienne et notre devoir de militants dans ce pays pour libérer celui qui est de notre combat et que l’État français réprime depuis 40 ans.


Nous le disons avec conviction et la plus grande responsabilité : la manifestation d’aujourd’hui est bien sûr l’aboutissement d’un long travail de mobilisation, dans le respect de leur diversité, d’un nombre toujours plus grand de personnes et de structures – organisations et partis politiques, associations et syndicats, médias non assujettis au pouvoir, collectifs locaux – mais, récemment ralliés à cette cause ou menant la bataille depuis plus de vingt ans, nous devons être conscients que notre engagement, certes fortifié à l’occasion de cette date des 40 ans, est une lutte de longue haleine, qui devra encore se prolonger jusqu’à la libération effective de notre camarade. Comme celui-ci l’affirme : « La victoire ou la victoire ! » et donc nous ne lâcherons rien jusqu’à celle-ci, que nous obtiendrons en élargissant toujours plus les actions de toutes sortes, dans le nécessaire respect de l’identité politique de notre camarade. Rappelons-le : ce sont ses convictions de militant communiste que Georges Abdallah refuse de renier et qui sont le prétexte pour ne pas lui rendre sa liberté, mais ce sont en même temps ces convictions inébranlables qui le maintiennent vivant derrière ces hauts murs où le pouvoir voudrait le voir soumis ou disparaître.


Vous le savez, une audience s’est tenue dans cette prison-même le 7 octobre pour examiner la dernière demande de libération-expulsion déposée il y a plus d’un an par notre camarade. Nous n’avons pas été étonnés d’apprendre que les représentantes du parquet, donc du pouvoir, se sont déclarées opposées à cette libération, arguant que celle-ci étant demandée par des organisations qualifiées de terroristes – mais en vérité aussi par le gouvernement de son pays, le Liban – la libération de Georges constituerait une victoire du « terrorisme ». Mais comme Georges Abdallah a tenté de leur faire entendre, le résistant arménien antinazi Missak Manouchian lui-même était qualifié de terroriste par l’occupant quand il luttait les armes à la main, en véritable internationaliste, pour libérer la France.
Nous pouvons d’ores et déjà l’affirmer : le délibéré du 15 novembre prochain ne sera qu’une étape dans notre mobilisation et ce processus judiciaire lui-même durera encore de longs mois.


Notre vigilance est d’autant plus nécessaire qu’une autre menace vient d’être réactivée, cette fois en Italie. Pour faire simple, disons qu’une audience judiciaire s’est tenue à Trieste le 15 octobre, revenant sur un procès qui a visé Georges Abdallah en 1990, alors qu’il ne pouvait comparaître, étant détenu en France. On peut être inquiet de voir refaire en 2024 un nouveau procès pour les mêmes faits qui ont pourtant été prescrits en 2012. Une nouvelle audience aura lieu le 26 novembre, pour discuter de la procédure ou peut-être examiner les faits. Il existe un risque que l’Italie – allié privilégié des États-Unis – de la fasciste Meloni pourrait demander l’extradition de Georges Abdallah, mais quelle que soit la réponse de la France, la responsabilité de celle-ci demeure entière dans la volonté de maintenir notre camarade enfermé à vie.


Avant de terminer cette intervention unitaire, nous nous devons d’honorer ici la mémoire de notre fidèle camarade Suzanne, décédée le 14 septembre, l’une des initiatrices de cette manifestation annuelle, elle dont la présence déterminée et chaleureuse nous manque tant aujourd’hui. Très chère camarade Suzanne, sache que, toutes et tous, nous nous engageons résolument à poursuivre ton combat jusqu’à la victoire !


Pour conclure, nous réaffirmons que Georges Abdallah est en prison en France pour le combat politique qui a été le sien et qui est le nôtre, pour ses positions et ses idéaux qu’il n’a eu de cesse de proclamer et de ne jamais renier. Georges Abdallah a engagé sa vie entière dans la lutte révolutionnaire pour mettre en pratique ses convictions communistes, pour lutter aux côtés du peuple frère palestinien afin de résister à l’occupation et à l’expansionnisme sionistes, un combat qui malgré les souffrances indicibles infligées par les sionistes génocidaires se poursuivra jusqu’à la libération de toute la Palestine historique.


La résistance palestinienne vit, vivra et vaincra !
Continuons le combat ! Libérons Georges Abdallah !
Que mille initiatives solidaires fleurissent pour sa libération !
C’est ensemble et seulement ensemble, camarades, que nous vaincrons !


Des organisations, associations, syndicats et collectifs solidaires de Georges Ibrahim Abdallah
Devant la prison de Lannemezan, le 26 octobre 2024