Mercredi 25 mars 2009 a eu lieu au CICP une conférence de presse à l’occasion de l’examen en appel d’une demande de libération de Georges Abdallah.
Participaient à cette conférence de presse, en plus du collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, organisateur :
- Jacques Vergès (avocat de Georges Abdallah),
- Alima Boumediène-Thiéry (sénatrice, Verts),
- Gérald Briant (maire adjoint du XVIIIe, membre du Bureau National du PCF),
- Mireille Fanon Mendes- France (attachée parlementaire de P. BRAOUZEC, PCF).
La presse arabe était présente et cela a donné lieu à plusieurs articles, dont le suivant :
Article sur Al Intiquad
http://www.alintiqad.com/essaydetails.php?eid=5387&cid=10
Extrait de la traduction de l’article :
« Vergès a déclaré que l’affaire Abdallah est sans aucun doute une affaire politique ; la prolongation de son emprisonnement est due à l’intervention de la ministre des affaires étrangères Condoleeza Rice représentée dans la partie civile (rappellons que Georges Abdallah est libérable depuis 1999). M° Vergès a ajouté que les juges avaient demandé un rapport sur Georges Abdallah, rédigé à partir de déclarations de gardiens de prison, de psychologues et de représentants des autorités pénitentiaires (*). Selon ce rapport, « Georges Abdallah bénéficie d’une intelligence supérieure. Il a appris plusieurs langues en prison, dont l’anglais, l’allemand, le francais et l’espagnol. Sa lecture est très variée. Il maitrise l’art de la discussion. Ses convictions idéologiques sont intactes. Il est à l’écoute de l’autre et respecte la différence des points de vue. » »
(*) Il s’agit du rapport de la commission pluridisciplinaire suite au passage de Georges Abdallah au Centre National d’Observation de Fresnes, conséquence de la loi Dati sur la rétention de sûreté.
Extraits de la retranscription de l’intervention de maître Vergès, avocat de Georges Ibrahim Abdallah
« (…) Tout le monde dit : c’est un homme d’une intelligence supérieure, il est ouvert, il est cordial, il se met à la place des autres, il est capable de dialogue. Lui même dit : « Je ne renie rien de ce que j’ai fait. Mon pays était occupé, il y avait des massacres comme Sabra et Chatila. Maintenant mon pays n’est plus occupé. Il peut régler ses problèmes intérieurs sans l’intervention de l’étranger. Donc je peux rentrer, les conditions de la violence n’existent plus. »
Qu’est ce qu’on dit ? Qu’il faut que vous renonciez dé-fi-ni-ti-ve-ment quelque soit la situation politique. C’est du PETAINISME ! On dit à monsieur : même si demain Israël occupe à nouveau le Liban, vous devez vous engager à rester les bras croisés !
Le tribunal ne devrait le juger que dans la situation actuelle, ne pas prévoir l’imprévu. Mais là, on prévoit : un citoyen doit renoncer définitivement à la résistance. Je dis : c’est Pétain. Ce n’est plus la France de De Gaulle, c’est la France de Pétain.
Deuxièmement, il faut se demander aussi si le Liban est encore sous mandat français. Quand Georges Abdallah conteste à quiconque le droit de lui dicter sa conduite en cas d’une nouvelle occupation du Liban, c’est un citoyen libanais, c’est le citoyen d’un Liban indépendant qui parle. Est-ce qu’il appartient à des magistrats français, préventivement, de dire à un citoyen libanais, même si Israël occupe à nouveau votre pays, vous devez vous engager à rester les bras croisés ?
Voilà quelle est la situation. Et on dit : il n’a pas indemnisé les victimes. Mais ce matin en venant ici, nous sommes passés par la station de métro Fabien. A cette station de métro, un militant nommé Fabien, a tué un officier allemand pendant l’occupation. Et le métro porte son nom désormais. Il n’exprimait aucun regret, et il n’a pas versé d’argent pour la femme du Feldwebel* qu’il avait abattu. Dans un cas de résistance, manifestement, ça ne se pose pas. Or ce qui est curieux dans cette affaire, c’est qu’il y a une partie civile qui s’appelle Mme RICE, du département d’Etat, ex département d’Etat. C’est elle qui a porté plainte et désigné un avocat, maître Kiejmann, pour la représenter. Or il existe un rapport du Sénat américain disant que Mme RICE est complice des tortures infligées par le gouvernement de Mr BUSH aux prisonniers de Guantanamo, d’ Abou Ghraïb , … C’est-à-dire, c’est au nom d’un tortionnaire qu’on demande que Georges Ibrahim Abdallah, qui n’a jamais torturé personne, renonce à lutter contre de nouveaux tortionnaires. Et en même temps, Israël n’est pas partie civile dans cette affaire. La famille de l’israélien qui a été abattu, Mr Barsimentov, n’est pas partie civile. Donc Israël est absent de ce procès comme partie. Mais ces messieurs de la commission sont plus israéliens qu’Israël; ils veulent que Georges Abdallah s’engage à ne pas combattre Israël si Israël revient. Voilà donc la situation.
C’est demain que je vais plaider à huis clos devant la 13e chambre de la Cour d’Appel pour sa liberté. J’espère que les magistrats ne vont pas suivre cet exemple.
C’est du PETAINISME. C’est anachronique complètement. La France n’a pas un mandat sur le Liban. Israël a peut-être un mandat sur la France…
Voilà ce que je voulais vous dire.»
*Feltwebel : adjudant
Article sur le blog d’Alima Boumedienne, sénatrice Verts
http://alima-boumediene.org/spip.php?article551
Extrait : « Tout d’abord rappelons que Georges est un militant communiste, révolutionnaire arabe, qui combat pour la liberté de son pays, le Liban, et contre l’oppression que vit le peuple palestinien. Au sein de son organisation, il a œuvré contre l’occupation militaire du Liban et contre l’occupation coloniale de la Palestine, contre l’impérialisme et le sionisme… »
Extrait de la retranscription de l’intervention de Gérald Briant
« Je suis élu dans le 18e arrondissement et membre de la direction du Parti Communiste Français.
[…] Deuxième chose sur la loi de rétention de sûreté : on est avec le cas de GIA devant un cas d’école. Bien des gens se sont mobilisés contre cette loi de sûreté qui prévoit d’enfermer à vie des gens que l’on considère comme potentiellement dangereux.
Aujourd’hui, on se trouve avec quelqu’un qui est depuis 25 ans en prison – 25 ans il faut savoir ce que ça représente – qui aujourd’hui par un artifice de droit, se retrouve condamné à être hors de la société à vie jusqu’à ce que mort s’ensuive ! C’est çe qui est en train de se passer, si rien n’est fait, s’il n’y a pas intervention de l’opinion publique pour dénoncer cette mise à mort, cette mise hors société, hors la vie, hors les gens. (…)
C’est insupportable, cette loi de rétention doit s’arrêter.
Je crois aussi qu’au delà des questions politiques et géopolitiques, il faut aussi faire du cas de Georges Ibrahim un cas d’école sur les raisons pour lesquelles cette loi de sûreté doit être abandonnée.»
Extrait de la retranscription de l’intervention de Mireille Mendès France
« Je représente Patrick Braouezec, député de Seine Saint Denis, puisque je suis sa collaboratrice parlementaire à l’Assemblée Nationale.
[…] Il y a un autre prisonnier politique auquel l’histoire de Georges Abdallah me fait penser, surtout qu’en fait ils sont en prison depuis autant de temps. C’est Mumia Abou Jamal qui ne sortira sans doute jamais du couloir de la mort, qui aura toujours cette épée de Damoclès sur sa tête tout simplement par le fait qu’il résiste et qu’en plus il le fait savoir – puisqu’il écrit régulièrement des livres – en ce sens-là, il dérange.
On est dans un Etat de plus en plus policier, pour ne pas dire que nous sommes face à un fascisme d’Etat et alors peut-être les cas de Georges Ibrahim Abdallah ou de Mumia vont se multiplier. Il faudrait réfléchir à comment on va pouvoir obliger ces gouvernements qui ont peur des gens qui veulent être debout, obliger ces gouvernements à respecter la loi et rien que la loi et arrêter de pondre des lois de plus en plus liberticides.
En tous cas sachez que Patrick Braouezec que je représente sera tout à fait prêt à intervenir et à faire des courriers dans ce sens. »
Déclaration lue de Raoul Marc Jennar, militant NPA
« Georges Ibrahim Abdallah était et demeure un résistant révolutionnaire. Il a combattu la politique expansionniste d’Israël et le soutien des USA à cette politique. Sa condamnation, en France, à la perpétuité en 1987, fut l’acte d’une justice au service de l’impérialisme occidental. C’est parce qu’il est resté fidèle à ses convictions que sa libération, légalement possible depuis 1999, lui est systématiquement refusée.
Les peuples du Liban et de Palestine sont victimes de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par l’Etat hébreux financé et armé par les USA et soutenu par l’Union européenne. Ces peuples ont un droit imprescriptible à la résistance. Le combat de Georges Ibrahim Abdallah est le combat de ceux qui, de tous temps et en tous lieux, s’opposent à la servitude. Sa place n’est pas en prison, mais au milieu des siens. »
Article publié le 1er avril 2009 et mis à jour le 15 avril sur http://liberonsgeorges.over-blog.com