Le 1er décembre 2009, Georges Abdallah sera jugé à Tarbes pour refus de prélèvement d’ADN (voir l’article Ici).
A l’occasion de la mobilisation pour ce procès nous reproduisons des articles et documents relatifs au refus du fichage génétique.
L’opinion – Tribune Libre
Fichage ADN : Osons dire non !
29/09/2009 Dominique Noguères / Avocat et Vice Présidente de la LDH
Le fichier des empreintes génétiques appelé FNAEG créé en 1998 pour répertorier les délinquants sexuels s’est emballé sous le coup de deux lois successives qui l’ont étendu à de multiples infractions qui n’ont rien à voir avec le but initial.
Il s’agit là d’un véritable détournement d’objet qui a des conséquences d’une gravité extrême pour l’ensemble de ceux qui sont actuellement fichés et tous ceux qui risquent de le devenir.
Car il suffit d’être soupçonné d’un délit pour que l’on puisse prendre les empreintes génétiques pendant la garde à vue même si ensuite aucune poursuite judiciaire n’est déclenchée et voire ainsi les informations les plus intimes de notre être dans un fichier dont on ignore absolument l’utilisation.
Plus d’un million de personnes font aujourd’hui l’objet de ce fichage et l’argument qui veut faire croire que ce fichier n’a pour objet que de faciliter l’identification et la recherche d’infractions ne peut à lui seul être retenu et alors qu’aujourd’hui le nombre de garde à vue explose le nombre des personnes fichées augmente de manière alarmante.
La pression de la loi punissant d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende est suffisamment dissuasive pour que peu de ceux à qui l’on impose ce test osent le refuser et ceux qui le font connaissent les risques auxquels ils s’exposent.
Mais ils ont raison car cette immense société de fichage et de surveillance que l’on met en place aujourd’hui est révélatrice du climat actuel qui prétend tout contrôler pour nous faire croire que l’on peut vivre dans une société au risque zéro.
Ce qui est un leurre, car toute société a ses propres risques c’est inhérent à sa nature et ces procédés sont de véritables pièges.
L’Etat confond sciemment la sûreté et la sécurité des citoyens et si chacun a droit à ce que sa sécurité soit assurée, chaque citoyen est en droit de s’assurer que l’Etat s’assure de sa sûreté en ne portant pas atteinte à des libertés fondamentales.
Et dans ce cas précis lorsque l’on pose les vraies questions que représente ce fichage on voit bien que la sûreté des citoyens n’est plus assurée et plus encore lorsque ce fichier est utilisé contre des actions à caractère militant ou syndicales car depuis quelque temps de multiples procédures ont vu le jour tant sur cette question que sur la liberté d’expression militante et syndicale aujourd’hui sévèrement réprimée.
Il est temps de réveiller nos consciences citoyennes en posant les vraies questions que pose ce fichage.
La durée de vie des informations contenues dans ce fichier 40 ans pour les personnes condamnées et 25 ans pour les autres doit nous alerter.
L’opacité extrême avec laquelle ce fichier est utilisé, le sort des informations qui y sont contenues, et l’ignorance dans laquelle nous sommes des utilisations futures devraient là aussi nous faire réagir de même que les difficultés extrêmes pour se faire déficher. Enfin l’absence d’encadrement de ces fichiers par des autorités indépendantes comme la CNIL dont on voit bien que les moyens dont elle dispose sont régulièrement rognés devrait là aussi nous inquiéter.
Le refus de prélèvement et le courage que représente cette action doivent permettre de poser le débat publiquement car il est aujourd’hui confisqué par les autorités publiques.
Le procès de Jean Michel Aycaguer doit à ce titre être exemplaire et avoir tout le retentissement nécessaire pour que les citoyens s’emparent de ce débat qui les concerne tous dans une société démocratique et respectueuse des libertés fondamentales.
Article lu sur Le journal du Pays Basque Ici
Article paru le 29/9/09 sur http://liberonsgeorges.over-blog.com