« Nous avons donc un scandale, un prisonnier serein et digne, et une opinion longtemps endormie qui maintenant se réveille. Les circonstances nous imposent de travailler dur pour la sortie de Georges. »
Extrait de l’intervention de Me Vergès à la conférence de presse du 9 février 2012 à Paris sur l’initiative du Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Ont participé à cette conférence : Jacques Vergès (avocat de Georges Abdallah), Alain Gresh (journaliste au Monde diplomatique), Serge Quadruppani (écrivain) et Mireille Fanon Mendès-France (collaboratrice parlementaire du député Patrick Braouezec).
Parlant de Georges Abdallah, Me Vergès dit encore : « C’est un mur de dignité. M. Bonnet, patron de la DST en France reconnaît que les actes commis sont des actes de résistance et non des actes de droit commun. En France tout le monde le reconnaît : les policiers, les magistrats et les gardiens de prison. Seul le pouvoir politique s’y refuse, lui qui donne aujourd’hui des leçons de morale à tous les pays arabes. »
Alain Gresh rappelle ce qu’était le Liban des années 80 :
« … Juin 82 : invasion israélienne : 15000 morts civils, libanais et palestiniens et des destructions terribles. Une invasion largement soutenue par les Etats-unis et un moment de l’histoire du Proche-Orient qui a permis au Hezbollah de devenir une force dominante sur la scène libanaise. Je suis frappé à quel point, en Europe, nous avons tendance à tourner très rapidement la page des souffrances des autres. Cette invason du Liban par Israêl a eu des conséquences catastrophiques. Elle a abouti à une occupation du Sud Liban qui a duré jusqu’en 2000 au moment où le Hezbollah a chassé les Israéliens de cette zone et elle a continué à faire des victimes. Et pour les combattants libanais et palestiniens, le sentiment que non seulement ils faisaient face à Israël mais qu’ils faisaient face à Israël appuyé par les Etats-unis. »
« C’est le cadre dans lequel s’inscrit le combat de Georges Abdallah.(…) On est vraiment dans une situation où les pays occidentaux ne peuvent pas se dire qu’ils sont simplement spectateurs ou qu’on a porté la guerre chez eux alors qu’ils n’étaient pas concernés. D’une certaine manière, la guerre a été portée chez eux parce qu’ils étaient concernés, parce qu’ils étaient responsables, et je pense qu’en partie ils le sont toujours de la situation faite aux Palestiniens et dans la région. »
Me Vergès complète : « Non seulement l’Occident est présent dans les massacres commis dans la région par Israël mais la France elle-même était un champ de bataille: Mahmoud Hamchari, représentant de l’OLP a été tué par le Mossad. Mohamed Boudia du FPLP a été tué à Paris, par le Mossad. L’enquête démontre la réalité de l’attentat (…) Aucune poursuite. »
Et A. Gresh de rappeler à propos de l’idée du terrorisme qu’« aujourd’hui, toute attaque contre les intérêts occidentaux ou contre les intérêts israéliens est présentée comme une attaque terroriste, alors que les assassinats commis par les services secrets israéliens ne sont pas considérés comme tels et les crimes terroristes d’Etat ne sont pas remis en cause que ce soit à Gaza, en Palestine ou au Liban. »
Serge Quadruppani : extrait
« Je salue sa dignité. De mon point de vue, je pense qu’il est extrêmement important de réclamer du système auquel nous sommes confronté, qu’il respecte ses propres règles, même si ces règles-là sont discutables. Et le fait qu’il y ait cet acharnement extra-judiciaire contre lui, c’est un scandale qui doit cesser. »
Mireille Fanon Mendès-France : extrait
« Patrick Braouezec a soutenu la démarche du Collectif et a demandé la libération immédiate de Georges Ibrahim Abdallah essentiellement pour deux raisons. La première est de dénoncer le dysfonctionnement de la justice française. La deuxième : il est essentiel que des personnes qui s’engagent dans des mouvements de résistance à l’occupation doivent être considérées comme des résistants et non comme des malfrats. »
« La détermination et le refus de Georges Ibrahim Abdallah de ne pas renoncer à ses engagements est une posture politique et intellectuelle importante. »
« P. Braouezec sera toujours aux côtés de Georges Ibrahim Abdallah et aussi du Collectif pour réclamer sa libération le plus rapidement possible et son départ vers le Liban en espérant que le Liban précise que Georges Abdallah puisse être accueilli ouvertement et sans aucune difficulté dans son pays. »
A la question d’un journaliste : « Qu’avez-vous envie de dire au Premier ministre libanais qui débute une visite en France ? »
Me Vergès répond :
« L’honneur du Liban est en cause. Un citoyen libanais est détenu arbitrairement par une puissance étrangère malgré la parole donnée. Un État ne peut pas tolérer cela. »