Déclaration de Georges Abdallah, de la prison de Lannemezan, lue à Beyrouth en avril 2006
Chers frères et sœurs, chers camarades, noble auditoire
Je vous adresse mes meilleurs vœux de derrière les barreaux honnis. Vous êtes venus de lieux différents afin d’exprimer votre solidarité avec les militants emprisonnés, en ces jours où particulièrement votre soutien nous est nécessaire. Alors même que vous n’avez jamais failli à cette tâche, votre solidarité continuelle pour eux et votre mouvement de soutien considérable ont permis de renforcer leur résistance.
Aujourd’hui plus que jamais, votre initiative pour soutenir tout prisonnier résistant représente une importance particulière et un affluent principal non seulement pour la résistance de tous les camarades emprisonnés, mais aussi pour la défense du travail patriotique élémentaire et une riposte globale à l’attaque impérialiste et le flot des forces bourgeoises qui vogue à son cortège.
En ces temps, où Bush et ses sbires présentent des « excuses publiques », en ces temps de rencontres et de coordination à Rabat et autres lieux avec la participation et la couverture des représentants de l’OTAN avec l’entité sioniste sans provoquer pour autant beaucoup de contestations officielles ou mêmes populaires… en ces temps où nos oreilles commencent à s’habituer aux nouvelles des boucheries qui déciment au quotidien nos masses en Irak, à ce que vit le peuple palestinien et ses forces, vies de galères et de reniement de toutes les conventions internationales y compris des garanties américaines et européennes, surtout en ce contexte de luttes confessionnelles et ethniques au Liban, votre solidarité au sein de cette rencontre avec un prisonnier politique des geôles impérialistes françaises et celles des sionistes en Palestine occupée, dépasse la question du soutien humaniste pour un détenu ou pour un autre et même la volonté de renforcer leur résistance et l’exigence de leur libération…
Camarades
Ceux qui appellent à la souveraineté du Liban ou les néo-souverainistes sont ceux qui appellent au projet sioniste dans la région arabe. Ces forces participent actuellement à séparer le Liban de son milieu arabe résistant et à la transformation de son rôle en un camp avancé dans le projet du grand moyen orient.
Ces forces sont un instrument parmi les outils du reniement qui poussent sous différentes pressions, le Liban à mondialiser la situation conformément à la vision Américano-sioniste.
En conséquence, la spécificité de la période actuelle nous dicte à tous de renforcer le fusil de la résistance par la confirmation du caractère patriotique de toute action de résistance en centrant notre refus catégorique de la résolution 1559 avant tout autre chose.
Le renforcement du fusil combattant ne se fera que par le refus de toute forme qui altérerait sa position en tant qu’axe central pour l’édification de l’unité nationale et donc de faire en sorte de l’éloigner tant que possible de tout caractère sectaire ou confessionnel.
Le renforcement du fusil combattant c’est le renforcement de l’identité arabe du Liban et son appartenance à son milieu arabe sans compromission avec l’axe réactionnaire vassal.
Le renforcement du fusil combattant est un facteur garant et essentiel pour la construction d’un projet sociétal juste et partisan des couches populaires écrasées.
Il n’y a de légitimité que pour l’action combattante et que pour la résistance. Il n’y a de légitimité que par la lutte armée.
En ce qui concerne l’arsenal palestinien, le renforcement de la lutte armée signifie le maintien du droit au retour et l’abnégation à rappeler la primauté et la centralité de la résolution 194 et donc le refus de toutes formes de proposition de naturalisation ou d’exil en appliquant l’engagement de l’Etat libanais de fournir aux réfugiés Palestiniens tous leurs droits civiques et sociaux à l’instar des citoyens libanais en dehors du droit à la nationalité et à la fonction publique.
Sur le plan économique, il faut travailler pour le refus des politiques néo-libérales qui entraînent le paysan au bord du gouffre notamment au niveau des dettes publiques et il faut contrer par tous les moyens les privatisations, et le rattachement du Liban au modèle de la mondialisation américaine. Nous devons assurer la défense du secteur public et sa protection en exerçant un droit de contrôle et en poursuivant rigoureusement les cas de corruption et de déliquescence dans les administrations et les institutions publiques.
Et enfin, je condamne la barbarie sioniste envers le droit du peuple Palestinien et ses forces vives et je rejette les garanties américano-européennes à la lumière de ce que s’est passé à Jéricho.
La solidarité, toute la solidarité avec la lutte du peuple Palestinien.
La solidarité, toute la solidarité avec la résistance Iraquienne et je dénonce toutes les manœuvres impérialistes criminelles qui poussent vers les conflits confessionnels via les massacres dans les lieux de cultes et dans les quartiers populaires.
Nous devons être totalement opérationnels pour soutenir la résistance Iraquienne. Je confirme mon refus total des bases militaires américaines sur le sol arabe et tous les pays d’Asie ou d’Afrique. La honte et le déshonneur aux assassins impérialistes.
La victoire aux peuples et aux masses militantes. La liberté pour les prisonniers et les otages arabes dans les bagnes de l’ennemi sioniste et les camps de détention des régimes répressifs arabes.
A Beyrouth du refus
Au sud résistant
Salutation de la résistance et du défi
Georges Abdallah – Avril 2006