Dans une interview datée du 28 décembre et publiée sur le site de France 24, ce haut responsable de l’État français, qui contribua au montage du dossier judiciaire contre Georges Abdallah, se « confesse » en termes qui ne font plus aucun doute sur ce que dit le comité de soutien et l’avocat de Georges Abdallah depuis fort longtemps : « Cette injustice a assez duré, elle a même dépassé les limites du raisonnable, plus rien ne justifie son incarcération, qu’on le mette dans un avion et qu’on le renvoie chez lui au Liban où les autorités sont disposées à l’accueillir… On s’est conduit comme des voyous, la France n’a pas tenu parole… »
Depuis cet article livrant les premières « révélations publiques », l’ancien responsable de la lutte antiterroriste multiplie des déclarations chaque jour un peu plus précises, reprises par les presses française et libanaise.
À l’aune des éléments nouveaux apportés par l’ancien directeur de la DST, c’est l’ensemble de la manipulation étatique dont a été victime Georges Ibrahim Abdallah qui devrait faire l’objet d’une commission d’enquête. Comment l’ensemble de la procédure ne serait-elle pas entachée de nullité alors qu’il est établi que le premier avocat de Georges Abdallah n’était en fait qu’un agent payé directement par les services de renseignements français ! Après avoir démissionné du barreau de Paris, cet « avocat » particulier avait relaté toute cette tragicomédie dans un livre co-écrit avec le journaliste Laurent Gally, l’Agent noir, une taupe dans l’affaire Abdallah, publié chez Robert Laffont. Cet ouvrage à l’époque ne fut pas interdit, mais certaines pages reprenant des documents en annexe qui mettaient en cause les services français, dont la DST, avaient été censurées.
Georges Abdallah est libérable selon les lois françaises depuis 1999, puisqu’il avait à cette date accompli les quinze années de peine de sûreté dont sa condamnation à perpétuité était assortie. Sept demandes de mise en liberté conditionnelle ont depuis été émises, dont une jugée favorable à la Cour de Pau. Immédiatement, le ministre de la Justice Dominique Perben sommait le Parquet central de faire appel de la décision ! À chaque nouvelle demande de mise en liberté reviennent les mêmes motifs de refus : « C’est un militant dangereux, son retour au Liban en ferait un héros révolutionnaire… », « le gouvernement des USA, partie civile dans le dossier, s’y oppose »…
Les éléments nouveaux amenés par Yves Bonnet, qui a officiellement demandé à être entendu par les plus hautes autorités judiciaires, constituent un tournant de l’affaire Abdallah.
Le scandale révélé au grand jour voudrait qu’une commission d’enquête établisse les responsabilités de la France dans ce qu’on peut qualifier de crime d’État. Pour l’heure, le plus urgent est que Georges Abdallah soit remis en liberté, c’est-à-dire expulsé vers le Liban qui ne s’oppose pas à son retour, comme l’a écrit lui-même très officiellement le consul libanais à Paris.
Le collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah envisage une campagne d’action pour les prochains jours, notamment à l’occasion de la venue à Paris du premier ministre libanais Mikati à la fin janvier.
Il appellera à organiser partout en France des actions, rassemblements, diffusions de tracts,
afin d’exiger la libération immédiate de Georges Ibrahim Abdallah.
Alain Pojolat
http://www.npa2009.org/content/intensifier-les-actions-pour-libérer-georges-ibrahim-abdallah