La solidarité doit considérer qu’Israël occupe toute la Palestine et que le Peuple palestinien a le droit au retour

Extrait de l’entretien avec Adel Samara. Pauline Salingue, Ramallah le 10/11/2007

La démoralisation du Peuple palestinien est un préalable à la liquidation de ses droits.

L’entretien dans son intégralité sur ISM France

[…] Penses-tu que le mouvement international de solidarité porte des responsabilités dans le désastre actuel ?

Je suis désolé de le dire comme ça, mais je pense que le principal problème des campagnes de soutien à la cause palestinienne, c’est Drapeau-palestinien---soldats-sionistes---2007.jpgque les gens qui menaient ces actions ne connaissaient qu’un aspect des choses : celui des corrompus  et des normalisateurs avec Israël. Dès lors, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi le soutien aux Palestiniens est en baisse.

Au fond, de quelle solidarité avons-nous besoin ? Je pense que tous ceux, tous les groupes qui  veulent affirmer leur solidarité avec les Palestiniens, mais qui préconisent la solution des deux Etats, acceptent la politique israélienne et font une sorte de charité, ce n’est pas de la solidarité. La solidarité doit considérer qu’Israël occupe toute la Palestine et que le Peuple palestinien a le droit au retour.

Si on veut être politiquement solidaire et aider le Peuple palestinien, c’est la seule approche possible. Toute autre approche est inutile et, en définitive, n’est qu’un soutien masqué à Israël ou un soutien à l’Autorité palestinienne, les deux étant contre les intérêts du Peuple palestinien.

Les Palestiniens radicaux doivent dire aux militants de la solidarité : écoutez, le conflit ne sera jamais résolu tant qu’il n’y aura pas un Etat pour les deux peuples et Israël devra s’y résoudre. Peut-être que ça prendra 10 ans, 12 ans, 20 ans ou 50 ans…De toute manière, Israël ne nous donnera rien, même si nous patientons encore 100 ans ! Alors on peut attendre. Pour  construire des solutions historiques durables, il faut du temps.

Je veux aussi évoquer ceux qui parlent aujourd’hui d’un  » état  laïque et démocratique « . C’est quoi, la démocratie ? Peut-être bien que c’est une ânerie ? Si cet Etat n’est pas un Etat socialiste, ça ne tiendra pas, parce que l’égalité sous un régime capitaliste, un régime capitaliste israélien et palestinien, ce sera l’égalité dans une prison, l’égalité sous la répression.

Ce ne sera pas l’égalité dans la vie réelle, parce que dans un  » Etat démocratique « , qui possèdera la terre ? Les Israéliens. Qui dirigera l’armée ? Les Israéliens. Qui maîtrisera les bases économiques du développement ? Les Israéliens. A quoi les Palestiniens pourront-ils prétendre ?

C’est pour ça que je pense que beaucoup de militants israéliens de gauche, ou de la 4ème internationale ou du courant communiste soviétique traditionnel etc. quand ils parlent d’un Etat démocratique, ils perpétuent, directement ou indirectement, l’idée de négociations et de relations avec l’Etat d’Israël.

Nous devons ouvrir grands les yeux. Ce qu’il faut, c’est nationaliser l’ensemble des choses. La  terre qui appartenait avant aux Palestiniens est désormais propriété des Israéliens. Et bien, mettons la à disposition de tous en la nationalisant. Ce sera un compromis de la part des Palestiniens !

C’est ainsi que nous devons présenter la solution socialiste. Ces dernières semaines j’étais en discussion avec des Palestiniens, ici et en Syrie. J’ai entendu dire que le socialisme n’était pas accepté dans la région, que c’était prématuré. Pourquoi c’est envisageable en Amérique latine et pas ici ? Sommes-nous des ânes ?

De toute manière ce n’est pas satisfaisant pour ceux qui agissent en solidarité et qui mettent leur énergie et parfois leur argent entre les mains de gens qui ne font rien ici ou qui soutiennent la normalisation avec Israël. Il faut y mettre un terme !

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