Lannemezan – Condamné à mort en tant que Détenu particulièrement signalé (DPS) ?

Nous publions un article de la Dépêche qui rend publique les conditions inacceptables imposées à Eric, un détenu incarcéré à Lannemezan, prison où se trouve également Georges Abdallah.  Le début de l’article donne l’état de la gravité de la situation : « Condamné à 20 ans de réclusion ? Ou condamné à mort en tant que Détenu particulièrement signalé (DPS) ? »

Eric se bat depuis plusieurs mois contre un cancer et tout est fait au niveau de l’administration pénitentiaire pour entraver les soins auxquels il a droit. Ainsi son statut  de DPS (Détenu Particulièrement Surveillé) est maintenu ce qui fait que chaque transfert à l’hôpital pour soin est une lourde épreuve pour lui.

Rappelons que le statut de DPS a fait que Joëlle Aubron a été menottée sur son lit d’hôpital et que Georges Abdallah a dû passer des scanners avec des menottes aux pieds.

Aujourd’hui la demande de suspension de peine pour Jann-Marc Rouillan n’a toujours pas été examinée bien qu’elle ait été déposée il y a un mois et qu’aujourd’hui malgré sa grave maladie (syndrome de Chester-Erdheim), Jann-Marc Rouillan ne bénéficie d’aucuns soins sérieux.

Nous exprimons notre soutien à Eric et sa famille. Nous combattons les mesures imposées par l’administration pénitentiaire à tous les prisonniers malades.

Article publié sur http://liberonsgeorges.over-blog. com le 24 juin 2009

Incarcéré à Lannemezan, Éric Alboréo demande la levée de son statut de « DPS » pour se soigner normalement.


Condamné à 20 ans de réclusion ? Ou condamné à mort en tant que Détenu particulièrement signalé (DPS) ? La question que se posent désormais la mère d’éric Alboréo et son avocat, Me Mathieu Oudin comme la cour d’appel de Pau a refusé, vendredi, la permission de sortie médicale que le juge d’application des peines de Tarbes avait accordé à l’ancien braqueur.

Un refus motivé… parce que le ministère de la Justice refuse pour sa part de rayer Éric Alboréo du répertoire des DPS. Ce malgré la décision du tribunal administratif de Pau. Ce malgré l’avis du contrôleur général des prisons… Et alors même que plus personne ne peut ignorer aujourd’hui, à commencer par l’intéressé, que « s’il s’évade, il crève », résume brutalement son défenseur. Qui poursuit : « Le combat d’Éric Alboréo, désormais, est bien d’accéder aux soins les plus pointus pour pouvoir continuer à vivre et c’est cela que lui contestent le ministère public et l’administration pénitentiaire en lui limitant de fait l’accès aux soins ou plutôt en le lui autorisant dans des conditions insupportables, en raison du maintien de son statut de DPS ».


Belle retentissante

Les faits, alors ? Tels qu’on les reconstitue au fil de l’ordonnance de la cour d’appel, du rapport d’examen médico-légal du Dr Disteldorf, du courrier du contrôleur général des prisons Jean-Marie Delarue et d’autres documents officiels produits par son avocat ?


Le 22 novembre 2002, Éric Alboréo, au passé chargé, est condamné à 20 ans de réclusion pour tentative de braquage. Mais le 14 avril 2003, il s’évade de la prison de Luynes. Retentissante « belle » en hélicoptère pour une cavale de trois semaines qui lui vaut 5 ans de plus assortis du classement DPS. Le 4 août 2008, son cancer du poumon est diagnostiqué alors qu’il demande déjà depuis trois ans des examens. Cinq mois plus tard, il est opéré et doit désormais faire l’objet de soins lourds pouvant nécessiter des extractions d’urgence de la prison.


Or, être DPS, cela signifie avoir les mains et les pieds entravés pour tout déplacement, en camion cellulaire haute sécurité, et une lourde escorte permanente « 20 à 30 personnes de la gendarmerie et des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ERIS) jusque dans les lieux de soins », selon Me Oudin. « En cas d’urgence, le temps de réunir cette escorte et il peut mourir », résume alors son conseil. D’ailleurs, même les autorités compétentes, localement, trouvent que « trop c’est trop » de mobiliser tant de gendarmes pour un malade, qui, aujourd’hui, en l’occurrence ne veut qu’aller prendre un second avis médical à Marseille, pour une radiothérapie. Bref, qu’il est disproportionné de maintenir DPS un homme de 46 ans ayant une chance sur deux de s’en sortir. « Position ferme » de l’administration critiquée par le contrôleur général des prisons Jean-Marie Delarue car elle « traduit à mes yeux un net déséquilibre entre les droits fondamentaux de la personne détenue et la sécurité, en défaveur du premier. L’inscription au fichier des Détenus particulièrement surveillés semble irréversible notamment pour les détenus s’étant évadés

[…] quelles que soient les circonstances » dénonce-t-il à propos du cas d’Éric Alboréo

(1). Hier, ce dernier, dont la cour d’appel avait par contre autorisé, vendredi, qu’il puisse consulter ce lundi un cancérologue à Marseille, mais sous escorte DPS, a refusé de quitter sa cellule.


(1) Nous n’avons pas réussi à joindre Mme Carole Frazier, chef de bureau de la gestion de la détention pour tenter de préciser ce point.

 

http://www.ladepeche.fr/article/2009/06/23/628384-Lannemezan-Atteint-d-un-cancer-le-detenu-veut-etre-soigne-normalement.html

La lourde escorte est repartie sans Éric Alboréo, hier matin : le malade (en médaillon) a refusé de quitter sa cellule avec ces conditions de transport. Photo Joël Boyé.