« Malgré les chaînes, les barreaux et les murs des prisons, voici la volonté adressée par ceux qui sont aux portes de la mort aux gardiens de notre patrie, la Palestine.
Après avoir quitté les cellules d’isolement qui ne peuvent plus supporter nos douleurs, nos maladies et nos corps engourdis, de nos lits d’hôpitaux auxquels nous sommes enchaînés et gardés par des chiens, parmi les geôliers qui scrutent les moniteurs cardiaques qui peuvent annoncer notre mort à tout moment, aux portes de la mort nous envoyons notre appel qui pourrait être le dernier pour certains d’entre nous. Il est peut-être temps d’exprimer notre volonté avant que nous embrassions notre peuple comme des martyrs dignes. Notre appel est notre voix, notre cri, notre volonté. Nous sommes des détenus administratifs et nous allons vers l’immortalité, vers l’étreinte du soleil de la dignité qui peut représenter, en même temps, la fin de la bataille pour la dignité. Nous faisons entendre notre voix, en espérant qu’elle parviendra à nos peuples révolutionnaires.
D’abord, nous vous demandons d’intensifier votre soutien envers les grévistes de la faim qui ne sont pas encore martyrs ; les combattants qui se battent contre notre ennemi fasciste avec leurs corps méritent de votre part une position de loyauté qui empêche que se poursuive notre hécatombe, qui ne cessera qu’avec la satisfaction de nos justes revendications.
Deuxièmement, les douleurs de la faim détériorent certains de nos organes, mais certains d’entre eux doivent rester intacts. Tandis que la mort nous attend, nous déclarons que rien ne se mettra sur le chemin de nos sacrifices, même la mort. Par conséquent, nous donnons nos organes qui fonctionnent aux combattants, aux pauvres et aux opprimés qui en ont besoin. Nous attendons la visite du Comité international de la Croix-Rouge pour qu’il enregistre ces dons.
Troisièmement, nous vous demandons de rester loyaux à notre sang et au sang de tous les martyrs qui ont sacrifié leurs âmes tout au long de notre lutte palestinienne. La fidélité ne s’exprime pas que par les mots, mais par la pratique révolutionnaire qui ne connaît ni hésitation ni faiblesse.
Quatrièmement, accrochez-vous à nos droits historiques et légitimes, et n’abandonnez jamais un pouce de Palestine, de la rivière à la mer. Le droit au retour est le pont vers nos droits historiques. Ces droits ne seront pas rétablis sans résistance, le seul langage que comprend notre ennemi.
Cinquièmement, ne négligez pas les détenus qui resteront en vie après nous, car ceux qui sacrifient leur liberté comme prix pour la liberté de leur peuple méritent la liberté plutôt que la mort.
A notre peuple digne en Palestine et en diaspora, aux peuples libres et aux combattants de la liberté de par le monde, que nos cris soient entendus malgré les ténèbres des geôles israéliennes, qui sont des tombes pour les vivants. Aux gens de conscience du monde entier, notre peuple palestinien continuera la lutte jusqu’à la victoire. Nous vous faisons nos adieux avec le sourire.«
Lettre parue sur le site Palestine from my eyes et traduite sur ISM