Pour Georges Abdallah – Mireille Fanon-Mendès-France – 15 décembre 2012.

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Pour Georges Ibrahim Abdallah

Je tenais à marquer ma solidarité avec vous tous qui luttez sans relâche pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.

Douze ans qu’il aurait pu et dû être libéré. Depuis 12 ans la justice n’a fait que remettre en cause ce qu’elle-même a construit. 12 ans que la France, qui avait donné sa parole pour cette libération, est revenue sur cet engagement sous la pression étatsunienne.

Au vu des informations et des révélations contenues dans le livre, qui montrent la faiblesse du dossier construit contre Georges Ibrahim Abdallah, combattant de la cause de la Palestine, mais plus exactement engagé dans la lutte des peuples soumis à l’oppression impérialiste, ce dernier devrait être libre.

Au lieu de cela, la justice, revancharde, demande des excuses et la promesse incroyable qu’il ne recommencera pas ! On se croirait dans une cour d’école.

Cet acharnement s’inscrit dans l’idéologie qui veut que le terrorisme menace toutes les sphères de la société, particulièrement lorsque des femmes et des hommes revendiquent leurs droits fondamentaux dont celui à leur souveraineté et à leur terre. Se trouvent ici questionnées les instrumentalisations et les manipulations de ce qui constitue le droit, et plus généralement les droits, au profit d’une idéologie qui veut légaliser des pratiques liberticides contraires à toutes les normes internationales de protection des droits humains.

En définitive, cette lutte contre le terrorisme, quelle que soit sa forme et sa gravité, vise à obstruer, à limiter, à empêcher, voire à éliminer l’exercice des droits fondamentaux et plus précisément à criminaliser tout type d’activités, y compris celles qui ont pour base la motivation politique.

Avec cette lutte contre le soit-disant terrorisme, le droit national ou international apparaît nettement avec la fonction, non de changer les régimes juridiques ou de les améliorer, mais d’être utilisé, de plus en plus, comme un instrument de répression politico-idéologique et de remise en cause des droits politiques et civils.

Et c’est ainsi que ce système de domination et d’aliénation désigne ses ennemis : il y a Georges Ibrahim Abdallah, Mumia Abu Jamal, Leonard Peltier, les Mapuche dont certains ont entamé une grève la faim et dont l’état est alarmant, les prisonniers politiques palestiniens, Ameer Makhoul et tous les autres. Il y a Aurore Martin, livrée à la justice espagnole, alors que ce qui lui est reproché en Espagne est légal en France !

Tous ont en commun d’être marginalisés et détruits par un système qui les oppresse, alors qu’eux-mêmes l’ont dénoncé ou le dénoncent encore.

Sans oublier les procès bâclés, les procédures judiciaires orientées à décharge, les témoins manipulés et achetés, les preuves falsifiées….

Mais rien n’y fait, les aveux « officiels » de la non culpabilité de ceux qui, accusés de terrorisme, sont devant la barre, ne changent rien. Ils ont été désignés « terroristes », ils le resteront et en paieront le prix fort ; les tenants de l’ordre impérialiste et néolibéral ont besoin de « coupables » pour mieux contraindre, contrôler et surtout installer à demeure une limitation des droits et des libertés politiques.

Les prisonniers politiques, où que ce soit, sont une des données de la répression et un des moyens trouvés par les dominants pour imposer un nouvel ordre mondial qui lutte contre l’ensemble des peuples afin d’assurer la financiarisation et la marchandisation du monde par l’imposition d’une guerre sans fin aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. C’est bien pour cela que les démocraties répressives cherchent à pénaliser toute forme de solidarité.

Nous ne devons cesser d’être à leurs côtés et de dénoncer ces politiques répressives qui étouffent tous ceux et toutes celles qui se lèvent contre un ordre injuste, violent, répressif et raciste.

Je vous remercie.

Continuons à tisser les mailles de la solidarité basée sur l’ethique politique de l’engagement.

Mireille Fanon-Mendes-France

Experte du groupe de travail sur les Afro Descendants au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU

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président d’Honneur: Aimé Césaire

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