Des membres d’une délégation belge de solidarité avec les peuples palestinien et libanais, en mission au Liban au mois de mars, ont pu rencontrer Robert, le frère de Georges Ibrahim Abdallah. Lire ici.
Interview :
Au mois de décembre 2018, l’ambassadeur du Liban en France a rendu visite à Georges en prison. Quelle est l’importance de cette démarche? Est-ce qu’il y a eu des suites par après? Quelle a été la réaction de Georges à cette visite?
Le consul du Liban avait rendu visite à Georges en prison en février 2013.
En décembre 2018, l’État libanais a augmenté son degré d’intervention et, pour cela, l’ambassadeur libanais a rencontré l’avocat et a rendu visite à Georges.
Le gouvernement libanais a changé peu après la visite. Il a fallu plus d’un mois au nouveau gouvernement pour gagner la confiance du parlement. Et nous attendons.
Sur le plan personnel, la réunion a été chaleureuse pour Georges. Et il la considère comme une amélioration du comportement de l’État libanais à l’égard de sa cause.
Pouvez-vous nous dresser un tableau de la situation sociale et politique actuelle au Liban ?
La situation est très complexe au Liban. Après l’agression de juillet 2006, le Liban a remporté une grande victoire contrairement à toutes les guerres israélo-arabes. Mais la structure du système sectaire libanais ne lui permettait pas de profiter de la défaite de l’agression israélienne. Au contraire, les contradictions sectaires se sont multipliées et le Liban a sombré dans l’endettement et la corruption. Cela se traduit par une réduction de la présence de résistance en dehors de la communauté chiite. À son tour, cela a affaibli les forces de gauche, nationalistes et laïques sur l’ensemble du territoire libanais.
Dans cette situation morose, nous sommes frappés par les messages optimistes que Georges nous envoie de la prison. Qu’en pensez-vous ?
Je me suis toujours demandé d’où Georges tire cette capacité de se lever et de résister. Dans le cadre de ma réponse à la question précédente, je pense que Georges se sent comme un symbole de résistance qui dépasse les affiliations sectaires. Et qu’il représente un symbole opposé à l’atmosphère de défaite reflétée par les contre-révolutions à travers le monde arabe.
Dans cette situation-là, comment continuez-vous la mobilisation pour Georges avec le collectif pour sa libération?
C’est précisément cette situation qui nous donne la justification de poursuivre les actions pour sa libération. Quand Georges sent que la cause pour laquelle il s’est battu est toujours vivante au sein de son peuple, nous pensons qu’il se sent fier et que ses décennies d’emprisonnement n’ont pas été gâchées. Lorsque Georges continue à être un symbole de lutte qui transcende les sectes et qui dépasse les frontières des nations victimes des agressions impérialistes… cela prouve que le geôlier n’a pas réussi à casser sa volonté et à empêcher l’extension de son influence aux jeunes femmes et hommes nés après son arrestation. Georges dit que le geôlier sera convaincu que le garder en prison lui coûte davantage que de le libérer.
Quels sont les partis, mouvements, communautés qui se bougent pour Georges au Liban ?
Nombreux sont les forces, partis, personnalités et individus qui ont participé et participent à la libération de Georges. La taille et l’efficacité de chacun sont différentes ; le niveau d’attention varie d’une occasion à l’autre en raison de la complexité de la politique libanaise et de l’évolution de leurs structures respectives. Il est possible de dire que la plupart des forces et des partis de gauche (le PC libanais…) et nationalistes ont participé aux activités et aux actions qui ont exigé sa libération.
Comment pouvons-nous augmenter la pression en France, en Belgique ?
Il est difficile de conseiller des activistes ou des intellectuels européens. Ils connaissent mieux les forces vives affectées par les politiques capitalistes de leur pays. À mon humble avis, qui découle des positions de ceux qui soutiennent Georges, il y a deux choses qui sont certainement bénéfiques. La première, exposer la faiblesse des autorités françaises face à l’hégémonie américaine, qui n’épargne même pas ses alliés. La seconde consiste à présenter Georges dans le cadre de sa lutte contre les politiques de pillage de leurs peuples ainsi que contre d’autres peuples, en particulier les politiques néolibérales qui menacent d’annuler les acquis historiques de l’État social dans l’Occident capitaliste.