Quand l’État français joint le ridicule à l’arbitraire

par Jean-Pierre Anselme, blogs de Médiapart

La France est le pays qui détient dans ses geôles le plus ancien prisonnier politique en Europe. Libérable depuis 1999, en butte à la « raison d’État », le militant marxiste libanais Georges Ibrahim Abdallah entame sa trentième année de prison. Parce qu’elle l’a nommé citoyen d’honneur, la municipalité communiste de Bagnolet (93) est attaquée en justice par le préfet !

Le motif avancé par Philippe Galli, préfet de Seine-Saint-Denis, laisse pantois. Georges Ibrahim Abdallah «  n’a mené aucune action bénéfique pour la ville. » « Un motif totalement ridicule », s’indigne dans son communiqué du 24 janvier le Groupe des associations de Bagnolet (GAB) : « De qui se moque-t-on ? Gilad Shalit, soldat de l’armée israélienne, a été fait citoyen d’honneur de Paris. Qu’a fait de “bénéfique” Gilad Shalit pour la Ville de Paris ? […] Des préfets ont-ils interdit des stèles en hommage à l’OAS ou des places Ben Gourion ? »

En 2012, c’est dans une quasi indifférence que deux villes communistes du Bassin minier du Pas-de-Calais (62), Calonne-Ricouart et Grenay, ont fait elles aussi de Georges Ibrahim Abdallah leur citoyen d’honneur. On peut se demander alors pourquoi l’État sort à présent la grosse artillerie contre Bagnolet lorsqu’elle en fait autant ?

LA PEUR DE LA MOBILISATION DES QUARTIERS POPULAIRES

Pour le Groupe des associations de Bagnolet, « c’est que Bagnolet est une grande ville proche de Paris, susceptible d’être un modèle pour d’autres villes. » Mais la raison profonde de l’hostilité étatique tient surtout à ce qu’à Bagnolet c’est « la mobilisation des quartiers populaires [qui] a rendu possible une décision hautement symbolique pour exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Ne soyons pas dupes, c’est cette mobilisation-là en particulier que le préfet cherche à interdire ».

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