Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah – 18 mai 2013

Une réunion nationale des comités de soutien à la libération de Georges Ibrahim Abdallah, détenu depuis 29 ans en France, libérable depuis 1999 et dont la dernière demande vient d'être encore rejetée, s'est tenue à Paris ce samedi 18 mai 2013. A cette occasion, Georges Abdallah s'est adressé à nous.

Cher(e)s Camarades, cher(e)s ami(e)s,

Au début de cette année, il m’est arrivé de penser à certains moments de la nuit, que bientôt, voire très bientôt, je n’aurais plus à m’adresser à vous, amis«e»s et camarades, de derrière ces abominables murs. Je me disais que très probablement, ce n’était plus qu’une question de quelques petites semaines et nous aurions alors l’opportunité de nous trouver ensemble, loin de ces sinistres lieux … que je pourrais alors vous saluer tous, et même vous serrer fort et voir vos visages de près, vous écouter et vous parler sans avoir recours à tel ou tel stratagème pour tenter d’échapper quelque peu aux conditions de captivité.

 

Bien entendu je me disais aussi que l’on aurait largement le temps pour discuter et tirer les leçons de ces initiatives solidaires que vous avez su développer tout au long de mes années de captivité.

Comme beaucoup d’autres camarades et ami«e»s, je regardais avec une particulière attention les divers messages et « conseils » et autres exigences adressés aux autorités de mon pays.

 

Camarades, à partir de mi-février les manœuvres du gouvernement français ne laissaient plus guère présager une issue favorable à court terme. En effet après quelques mois de tergiversations, le gouvernement a tranché : pas question de libérer Abdallah. Et tout naturellement les magistrats de la cour de cassation sont toujours là pour habiller et avaliser la décision…et certainement ils ne sont jamais à court de formules lapidaires : « La demande de libération n’est pas recevable. » Ainsi fut prononcé leur jugement ce 4 avril.

 

Certainement camarades, vous n’êtes pas sans savoir, que durant tous ces derniers mois les initiatives solidaires ont fleuri un peu partout, ici en France et ailleurs de par le monde et tout particulièrement au Liban… et c’est toujours dans le cadre légal des lois envigueur dans ces divers pays. Cependant ou peut-être c’est pourquoi, les autorités impérialistes concernées directement ont estimé qu’il vaudrait mieux casser la décision du tribunal de l’application des peines ainsi que celle de la cour d’appel et me garder encore ici, dans les geôles de la République.

 

Comme toujours, ces criminelles autorités réactionnaires estiment, qu’avec le temps, tout finit par s’essouffler, s’épuiser et peut-être disparaître. Et pourtant elles ont tort et toujours elles ont eu tort à ce niveau. Et les faits sont là aussi têtus que l’on ne peut d’aucune façon en faire abstraction. Plusieurs milliers dans les geôles sionistes depuis tant d’années, et leur résistance est toujours intacte nourrie d’inépuisable élan populaire solidaire.

 

Camarades comme vous savez, ces jours-ci, on commémore chez nous la Naqba de 1948. Elle est toujours là, une blessure béante…une blessure toujours saignante… tout un peuple y est lié. Elle est Partout, elle est dans tout. Elle est les camps des réfugiés et les ruelles de la misère et les massacres et la terreur et l’humiliation à tout moment. Elle est les vieux et les moins vieux attendant toute une vie l’heure du retour, gardant en main avec tendresse des vieilles clés qu’on se passe de père en fils jusqu’à nos jours… elle est le crime qu’on reproduit devant les yeux de tout le monde. Les impérialistes de tout bord y ont participé et continuent à cautionner, d’une manière ou d’une autre, la spoliation et la destruction de tout un peuple…

 

Comme vous voyez chers camarades, la Naqba, loin d’être un moment douloureux d’un passé lointain qu’on cherche à commémorer par respect aux ancêtres, elle est le vécu quotidien de tout un peuple. De ses entrailles surgissent toujours de longs cortèges de fidayîn et les enfants de l’Intifada. Elle est la Palestine de tous les jours.

Camarades, jadis, Ben Gourion, comme tous les criminels réactionnaires des années quarante, disait à ceux qui l’avertissaient de la révolution palestinienne : «… les causes aussi vieillissent avec le temps et finissent à leur tour par mourir et disparaître. » Cependant plus de six décennies plus tard, la Palestine est toujours là, aussi vivante que résistante. La détermination des masses populaires palestiniennes est plus que jamais inébranlable, en dépit de la terreur et des atrocités de tout genre. Les prisonniers palestiniens aussi, en dépit des longues années, sont toujours là, debout face à leurs geôliers, incarnant la résistance héroïque de la Palestine et prouvant à tous les Ben Gourion que la Palestine non seulement vivra, mais elle vaincra certainement.

 

La solidarité est une arme camarades, faisons-en bon usage !

 

Certainement, ce n’est pas en cherchant des astuces judiciaires ici et là que l’on fait face à leur criminel acharnement, mais plutôt en affirmant une détermination inébranlable dans la lutte contre leur criminel système impérialiste.

 

À bas l’impérialisme et ses chiens de garde sionistes et autres réactionnaires arabes !

Gloire aux masses populaires en lutte !

Honneur aux martyrs !

Ensemble camarades, et ce n’est qu’ensemble camarades, que nous vaincrons !

Mes plus chaleureuses salutations à vous tous.

 

Votre camarade, Georges Ibrahim Abdallah
Samedi 18 mai 2013

 

La déclaration en langue grecque : ICI