En cette fin de décennie et à la veille de ce nouveau millénaire, le Proche-Orient vit au rythme du processus de la pacification impérialiste de la région. Comme toujours, pour leur propagande, les impérialistes ne lésinent pas sur les moyens ; les médias sont là, omniprésents quand il le faut. A longueur de journées ils égrènent les avancées historiques de la soi-disant « paix des braves ». Quant à ceux et celles qui, du fond de leurs cachots, à Khiam et ailleurs, mais surtout à Khiam, ne cessent de nous rappeler par leur simple présence là où ils sont, la triste réalité des retombées mirifiques de cette paix, ils ne peuvent pas compter, bien évidemment, sur ces médias pour faire entendre leur hurlement ou dire un mot de leur calvaire.
Les chantres de la bourgeoisie impérialiste et ses chiens de garde régionaux ne se lassent pas de nous répéter encore et encore les détails des atrocités commises ici et là quand il faut justifier les interventions dites « chirurgicales » des criminels yankees et les embargos destinés à institutionnaliser le droit d’ingérence des potentats des multinationales. Ils évitent à dessein de mentionner Khiam si ce n’est pour signaler de temps à autre la « libération » d’un prisonnier qui, comme par hasard, finira le plus souvent mourant dans un hôpital ou aliéné dans un hospice. Ils ont beau jeu de s’étendre sur la reddition de tel protagoniste révolutionnaire ou le dénigrement de tel autre et nous submerger par les déclarations savamment orchestrées de tous « ces raisonnables chefs historiques » qui ont rallié le camp des capitulards ; ils peuvent gloser sur le caractère religieux de la résistance libanaise contre l’occupant sioniste et de s’indigner du rôle grandissant de la Syrie ou de l’Iran au Liban ; seulement ils ne peuvent plus nous faire croire que nous sommes incapables de nous mobiliser ici et maintenant pour en finir avec la prison de Khiam, ce sinistre lieu de non-droit, de non-existence…
A Khiam, on torture, camarades. Tout le monde le sait et pourtant on en parle trop peu voire pas du tout, bien que cela dure depuis des années !
A Khiam, on emprisonne des enfants, des femmes enceintes, des vieilles et des vieillards et bien sûr des résistants ; tout le monde le sait ; les plus hautes instances internationales n’ignorent rien de ce qui se passe dans les cachots du camp de détention qu’est Khiam, et pourtant on ne fait absolument rien pour que cela s’arrête !
A Khiam, c’est le règne de l’arbitraire, camarades. Des humains embastillés dans les pires conditions, sans aucun jugement depuis des années ; d’autres « raflés la veille ou on ne sait plus quand, subissent d’interminables interrogatoires où tout est permis suivant le bon vouloir de l’officier traitant des services de renseignements israéliens ou de son supplétif libanais de l’ALS. D’autres encore » les non-reconnus, les non- existants « , ces camarades capturés et dont les autorités sionistes ne reconnaissent même pas l’existence, ceux-ci survivent dans les conditions les plus abominables. Camarades, ce sinistre lieu relève de la responsabilité de l’occupant sioniste, l’Etat Israélien. Il est de notre devoir de tout mettre en œuvre pour que ces crimes ne restent pas impunis. Il est de notre droit de tout faire pour que les Nations-Unies ne demeurent pas indifférentes au sort réservé à ces 185 libanais détenus-otages à Khiam et dans d’autres prisons israéliennes…
Le 28 de ce mois, camarades, vous êtes appelés à faire ce que vous estimez utile pour dénoncer cet état de chose. De votre action dépend le sort de ceux et celles qui depuis des années croupissent à Khiam. Il est des moments où le silence est un appel au crime. Il est des moments où se taire veut dire se rendre complice… Ensemble, faisons la pression nécessaire sur Israël pour que ce sinistre lieu soit fermé à la veille de ce nouveau millénaire ! Ensemble, faisons la pression sur Israël pour mettre un terme au calvaire des torturés ! Faisons la pression nécessaire pour obliger Israël à donner tous les renseignements concernant les disparus ! Faisons la pression nécessaire pour que les torturés soient libérés ! Faisons la pression nécessaire pour que les tortionnaires soient jugés ! Faisons le nécessaire pour que Khiam redevienne ce qu’elle a toujours été, la ville de la dignité, du bonheur et de la beauté.
Ensemble, nous vaincrons !
Georges Ibrahim Abdallah