Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah – 29 avril 2010

Déclaration produite pour la Conférence de Beyrouth au Liban.

Chers amis, camarades, frères et sœurs, les murs honnis et les mesures prises à mon encontre m’empêchent d’être en liaison directe avec vous, mais les hommages à la fermeté derrière les barreaux arrivent toujours aux résistants, quelles que soient les conditions difficiles, et quelles que soient les distances.

Mes hommages les plus chaleureux et mes sincères remerciements à votre mouvement solidaire. Votre rencontre aujourd’hui me fait chaud au cœur et me donne confiance dans l’inéluctabilité de la victoire puisque chacun de vous porte un aspect de cette résistance qui, lorsque tous ces aspects se rencontrent et agissent de concert, ce qui est en effet le cas, constituent la réponse historique à tous les effets de l’attaque impérialiste actuelle. Restons en rang uni derrière le fusil de la résistance, face à tous ceux qui mettent en doute sa légitimité. Vous savez tous que le but direct des forces impérialistes, d’Israël et de leurs collaborateurs dans la région est précisément le fusil de la résistance, la décision de résister et de respecter sa légitimité, mais aussi tout ce qui met en avant le rôle créatif de l’unité des masses et de leurs avant-gardes combattantes. Vous savez et vous voyez que celui qui vise le fusil de la résistance vise aussi, en même temps, l’unité du mouvement des masses. Ceci est clair au Liban, en Palestine et en Irak. Le fusil de la résistance a fermement tenu, au Liban, il a libéré la terre et a recouvré la souveraineté. Quelle fut l’attitude des impérialistes ? Elle a été et est toujours de fomenter des troubles et des complots contre la résistance et les hommes de la résistance. La seule réponse, consiste à activer le mouvement des masses, en mettant en avant leurs revendications, et à s’accrocher au fusil de la résistance et à la décision de résister. La riposte naturelle consiste à affirmer encore plus l’unité du sort qui lie les Libanais aux Palestiniens. Ce qui se déroule aujourd’hui en Palestine, la colonisation, la répression, les préparatifs à une autre Nakba, ne concerne pas le peuple palestinien seul, mais nous concerne tous, non seulement par solidarité fraternelle, mais parce que la confrontation qui se prépare définira l’avenir de toutes les entités de la région, le Liban étant l’une d’elles. Ceux qui pensent pouvoir vivre en sécurité et s’épanouir sur les ruines du peuple palestinien, vivent dans l’illusion. Ceux qui pensent que l’insistance de Netanyahu, Lieberman et leurs semblables sur la judéité d’Israël n’est qu’un mot d’ordre insignifiant, vivent dans l’illusion. La réponse naturelle et nécessaire aujourd’hui consiste à s’accrocher pour imposer, par tous les moyens, le droit au retour, base et fondement de la question palestinienne, s’accrocher à l’unité du peuple palestinien et réclamer aux forces responsables de mettre fin à l’état de division catastrophique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Pouvons-nous, dans ces conditions, ne pas prendre en compte la position de la Turquie, qui affirme actuellement sa solidarité avec notre cause première, alors qu’elle était un des piliers de l’État sioniste dans la région ? Pouvons-nous négliger l’importance de l’alliance syro-iranienne pour faire face à l’impérialisme ? Au moment où les forces impérialistes, soutenues par les forces de la réaction dans la région, profitent de toute occasion pour se ruer sur nos peuples.

La fermeté des révolutionnaires est la condition existentielle pour rassembler autour d’eux une solidarité révolutionnaire, et surtout une condition vitale pour la solidarité avec eux-mêmes, en tant que militants prisonniers. Aujourd’hui, les convictions anti-impérialistes et anticapitalistes sont devenues des accusations suffisantes, et des preuves criminelles, devant les tribunaux européens, notamment lorsqu’elles sont celles des militants du Moyen-Orient. Après avoir été condamnés aux peines les plus lourdes, les militants révolutionnaires sont détenus toute leur vie tant qu’ils ne se repentent pas ou ne s’agenouillent pas. Il ne s’agit pas seulement d’un fanatisme ou d’une vengeance de la part de ceux qui sont responsables de l’appareil de l’État, mais ces pratiques sont également le résultat de la logique générale d’une justice qui est au service du système impérialiste actuellement en crise. Le mot d’ordre de la bourgeoisie actuelle, c’est la soumission volontaire et le regret, pour obtenir la liberté. Ce mot d’ordre ne fait que dévoiler la prostitution de la justice bourgeoise. En cette période de crise, je suis de plus en plus certain que cette justice n’est en fait composée que de mesures administratives soumises, en fin de compte, au rapport de forces entre les forces de la révolution solidaires des révolutionnaires emprisonnés d’une part, et les forces de la réaction voulant les garder en prison et les soumettre à toutes formes de chantage, de l’autre.

A bas les projets impérialistes et leurs valets dans la région ! Victoire aux masses résistantes de notre peuple ! Hommage et gloire à tous nos martyrs ! Ensemble vers la victoire !

Avec mes chaleureuses salutations.

 

Lire la déclaration en arabe