A l’occasion du meeting du 7 juin de Solidarité aux prisonniers politiques, deux extraits de textes de Joëlle Aubron et Georges Labica.
Extraits d’un texte de Joëlle Aubron, militante d’Action Directe, à propos de l’engagement.
[…] Face à la violence brutale de l’ordre des choses tel qu’il est donné, seuls seraient admissibles les moyens dit démocratiques. Et l’impact du message de se renforcer encore dans le matraquage idéologique selon lequel le régime politique dominant serait le moins pire des systèmes possibles.
[…] La lutte armée ne semble exceptionnelle que si l’on perd de vue la longue histoire de luttes des exploités et autres bannis pour se construire un devenir digne de leur humanité. Je me suis engagée parce que cela me sembla évident. J’en avais l’opportunité, cela convenait à nia perception de ce qu’il fallait faire et de ce que je pensais possible. Le coût était approximatif, imaginé mais non vécu. Pour autant, n’est-ce pas le lot de chacun? « Être un homme, une femme, veut dire, joyeusement jeter sa vie entière dans la balance du destin, S’il le faut, mais aussi se réjouir d’une journée lumineuse, d’un beau nuage. » En 1917, alors incarcérée, Rosa Luxemburg écrivait ces lignes à une amie dans la peine.
Joëlle Aubron
Article sur le site Action-Directe : http://www.action-directe.net/modules.php?name=News&file=article&sid=26
Extraits d’une déclaration de Georges Labica
[…] C’est parce qu’ils [les militants d’Action directe] sont des prisonniers politiques, bien que l’État français ne reconnaisse pas cette qualité, que, dès leur arrestation, ils ont été condamnés à la perpétuité par une cour d’assises spéciale exclusivement composée de magistrats professionnels (application rétroactive des lois « antiterroristes » de Pasqua), et qu’ils ont été soumis à un véritable programme de destruction.
[…] En outre, à l’arrière-plan, se découvre le fonctionnement d’une justice de classe, dotée de plusieurs vitesses, ou de plusieurs étages, comme on le dit des fusées. Tout d’abord, la gravité d’un délit se mesure à la condition sociale de celui qui l’a commis.
[…] l’État, détenteur de la violence, qui n’est pas seulement symbolique, et garant de sa propriété par les propriétaires au prorata précisément de leur propriété, l’État est intouchable. […] si le terroriste, comme on nous le hurle aujourd’hui, c’est le tueur d’innocents, civils de surcroît, en quoi les condamnés politiques pour les meurtres d’un marchand d’armes et d’un exécuteur de « plans sociaux » mériteraient-ils une étiquette, dont se verrait dispensé le pro-nazi ratonneur (Papon) ? A noter qu’ici encore l’impasse est faite sur les conséquences, par exemple, des « dégraissages », en nombre de vies brisées, de drames psychologiques et de suicides. Tant il est vrai que la violence systémique, quant à elle, travaille dans l’ombre et le silence. A moins que le terme de « terrorisme » ne soit réservé à ceux qui s’en prennent à l’État et à la personne de ses commis les plus éminents ?
Georges Labica, avril 2004
Voir l’ article sur le site NLPF : http://nlpf.samizdat.net/spip.php?article24