René Naba, journaliste-écrivain et actuellement directeur du site Madaniya a écrit ce réquisitoire en l’honneur de Georges Ibrahim Abdallah, préfacé en mémoire de notre camarade Gilbert Hanna, disparu en mai dernier.
Extraits :
(…) L’Affaire Georges Ibrahim Abdallah est un parfait exemple de la négation de la justice et de la notion même de Justice. Avec un procès biaisé, une culpabilité non établie, un parjure, un engagement non tenu, dans un contexte de légitime défense, elle mérite à ce titre de figurer dans les annales de l’Ecole de la Magistrature comme le parfait contre-exemple d’une bonne administration de la Justice.
(…) En proie à la guerre civile depuis 1975, Le Liban n’était pas à l’époque – il ne le sera pas davantage par la suite – un long fleuve tranquille. Pour des militants pro-palestiniens, l’élimination de deux attachés militaires en France ne relevait pas d’un crime crapuleux, mais d’un acte de justice révolutionnaire visant deux cibles militaires de deux pays – Israël et les États Unis – qui vont jouer un rôle déterminant dans le malheur du Liban et des Palestiniens. Un acte de résistance à l’occupation. Un cas de légitime défense.
(…) La confusion que se fait la France de son rôle qui l’autorise à s’arroger abusivement le statut de «Patrie des Droits de l’homme», alors qu’elle n’est en fait que la «Patrie de la Déclaration des Droits de l’Homme», en raison de ses abus répétitifs en ce domaine : du Code Noir de l’Esclavage, au Code de l’Indigénat, à la colonisation, à la cristallisation des pensions des anciens combattants de l’Outre-mer, à la torture durant la guerre d’Algérie, aux repentances successives à propos de la déportation des juifs français vers les camps de la mort (…)
(…) Pourquoi une telle disparité de comportement à l’égard de ces deux libanais Anis Naccache / Georges Abdallah, deux militants de la cause palestinienne ? Très simplement parce que l’un, Anis Naccache, était fermement soutenu par un état qui se vit en puissance régionale et entend se faire respecter sur la scène internationale, l’Iran, alors que l’autre, Georges Abdallah, est ressortissant d’un pays, le Liban, dont les dirigeants successifs sombraient dans l’affairisme avec leurs homologues français (…)
(…) Georges Ibrahim Abdallah, un des doyens des prisonniers politiques à travers le Monde, est l’honneur des Arabes, la conscience des révolutionnaires, le remords vivant des mystificateurs et des imposteurs. Né libre et demeuré tel. Fidèle à son engagement. Fidèle à lui-même.