Marie-Pierre Vieu, députée PCF européenne, a écrit à Emmanuel Macron pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Monsieur Le Président,
Pour la troisième fois en quelques mois, je me suis rendue le 26 mai dernier devant la centrale pénitentiaire de Lannemezan pour exiger la libération de Georges Ibrahim Abdallah.
Il ne s’agit pas, pour moi, de justifier les actes pour lesquels il a été condamné ; je vous demande justice pour l’homme.
Celui-ci est en effet libérable depuis dix-neuf ans et a plus que doublé la peine de sureté de quinze ans assortie à sa condamnation pour complicité d’assassinat. Chaque heure de plus passée en prison prend désormais la forme d’une vengeance et d’un acharnement qui met à mal les droits fondamentaux de la personne humaine !
Je ne suis pas la seule à m’exprimer en ces termes. Nombre de collectifs locaux et de personnalités exigent sa libération. Le député En Marche de la 1ère circonscription des Hautes-Pyrénées Jean-Bernard Sempastous lui aussi interpellé, a saisi la garde des sceaux sur le sujet. Madame Belloubet a répondu qu’« il ne lui appartenait pas de donner quelque instruction que ce soit aux parquets dans le cadre de dossiers individuels, ni d’interférer dans les procédures judiciaires, en raison des principes constitutionnels de séparation des pouvoirs et d’indépendance de l’autorité judiciaire. »
Je serai la première à défendre l’indépendance de la justice par rapport au pouvoir politique. Cependant, dans le cas précis d’Abdallah, la chambre d’application des peines a justement statué favorablement sur la demande de libération, subordonnant cette décision à un arrêté d’expulsion signé par le Ministre de l’Intérieur, donc soumise au pouvoir exécutif.
Mais après pression de la secrétaire d’Etat des États-Unis, Mme Hillary Clinton, demandant, en 2013, que les conditions de mise en oeuvre de sa libération soient empêchées, la demande de libération fut déclarée irrecevable.
De fait, Monsieur le Président, il s’agit bien d’une affaire d’Etat, pour laquelle vous seul, avez la responsabilité de décision aujourd’hui.
Je comprends que je vous sollicite ici sur un sujet éminemment politique, mais je crois que ce cas mérite d’être examiné tenant compte de la situation internationale, bien sûr, mais d’abord du principe des droits de l’homme que je tiens pour inaliénables.
Georges Ibrahim Abdallah a 67 ans. Il est emprisonné depuis 1984. Maintiendrez-vous en détention, à la demande du gouvernement des Etats Unis, un homme de 67 ans qui a passé plus d’une moitié de vie incarcéré et se retrouve avec le statut de plus ancien prisonnier politique sur le continent européen quand le Liban se dit prêt à l’accueillir ? Ou bien répondrez-vous favorablement à cette requête ?
Il y a quelques jours à Saint Pétersbourg vous vous exprimiez en ces termes sur la souveraineté de la France en matière de politique extérieure. « La politique étrangère de la France, sous ma direction, est pleinement indépendante. Nous ne nous alignons jamais sur personne, nous prenons nos décisions par nous-même et pour nous-même. »
J’en appelle encore une fois, Monsieur le Président, à votre conscience humaine pour faire oeuvre de justice.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’accepter, Monsieur Le Président, l’expression de mes plus respectueuses salutations.
Marie-Pierre VIEU,
Députée Européenne
★ En juin dernier, Jacques Gaillot, évêque de Parténia, a rendu visite une nouvelle fois à Georges Abdallah. A cette occasion un rassemblement a été organisé devant la Centrale de Lannemezan, avec la participation du Collectif 65 de soutien à Georges Ibrahim Abdallah, de l’Association France Palestine, et de la députée européenne Marie-Pierre Vieu.
★ Georges Abdallah est détenu dans les prisons françaises depuis 34 ans. Son combat et sa détention sont résolument politiques et c’est bien parce qu’il est au croisement de toutes les luttes progressistes actuelles – anti-impérialiste, anticapitaliste, antisioniste et anti-réactionnaire, que le gouvernement français ne veut pas le libérer.
Venez nombreux exiger sa libération, samedi 23 juin à Paris. Appel ici