"Être révolutionnaire aujourd’hui", par Saïd Bouamama,15 décembre 2012.

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Au théâtre « La Belle étoile » de la Compagnie Jolie Môme, le 15 décembre 2012, trois heures ont été consacrées à la présentation du livre « Georges Ibrahim Abdallah ».

Parmi les intervenants : Saïd Bouamama, sociologue et militant du Front Uni des Immigrations et des Quartiers populaires, dont nous reproduisons ici, en partie, l’intervention qui avait pour thème : « Qu’est-ce qu’être révolutionnaire aujourd’hui ? » 

→ 1. Être révolutionnaire c’est penser et agir, en ayant en tête l’ensemble des dominés de la planète.

Parce que le capitalisme et ses effets impérialistes sont justement un système mondial, il ne peut y avoir de révolutionnaire conséquent, cohérent, si sa pensée ne s’exerce pas à un niveau mondial. Un révolutionnaire pense et agit à l’échelle des causes de la domination, c’est-à-dire à l’échelle de la planète. Plus.

→ 2. Un révolutionnaire est quelqu’un qui prend en compte la période historique dans laquelle il est.

Ce n’est pas la même chose, être révolutionnaire en 1917, à l’époque de Bandung, de Diên Biên Phù, ou aujourd’hui. La prise en compte des rapports de forces change, nécessite pour le révolutionnaire – et c’est toute la difficulté d’être révolutionnaire aujourd’hui – nécessite d’élaborer des stratégies et des tactiques qui tiennent compte de la dimension de la période historique en question. Plus

→ 3. Le révolutionnaire est celui qui prend en compte toutes les formes de résistance à la domination.

Le révolutionnaire est celui qui va considérer que lorsqu’un peuple se bat pour sa libération nationale, il est à soutenir sans conditions. Que lorsqu’une classe ouvrière se révolte pour ses intérêts de classe, elle est à soutenir sans conditions. Que lorsqu’un pays, même si l’on a des divergences avec les dirigeants de ce pays, à partir du moment où il fait obstacle à l’impérialisme, je dois le soutenir, et ne pas mettre de conditions à ce soutien. Plus.

→ 4. Un révolutionnaire aujourd’hui est quelqu’un qui a pris conscience que le combat se mène également au niveau idéologique.

Les luttes sociales se gagnent d’abord par des combats de militants, des combats pratiques, des rapports de forces matériels, mais ils commencent au niveau idéologique. Il y a aujourd’hui une profusion de théorisations, de grilles de lecture, qui nous sont diffusées à longueur de médias, et qui infiltrent les partis progressistes et révolutionnaires d’une société. Plus.

→ 5. Être révolutionnaire aujourd’hui, ce n’est pas se contenter du combat idéologique, c’est avoir conscience que ce sont d’abord les rapports de force qui transforment la réalité.

S’il faut effectivement démasquer les idéologies de la domination qui déforment la réalité, il n’y a pas de progrès dans les conditions des dominés, si l’on se contente du combat idéologique. Plus.

→ 6. Un révolutionnaire est quelqu’un qui prend en compte les conséquences, en termes de répression, de l’engagement révolutionnaire.

Autrement dit c’est la question de la solidarité avec les prisonniers politiques. Plus.

→ Je terminerai en disant que je suis très optimiste : la réalité d’aujourd’hui ne cessera de produire des combattants. Plus