Georges Abdallah – Youssef Boussoumah au meeting du 15 mai 09

Extraits de la prise de parole au meeting de solidarité à Georges Abdallah du 15 mai 09.


Il s’agit d’une retranscription de l’enregistrement de cette prise de parole avec toutes les limites de cet exercice.


Trop peu dans ce pays ont pris conscience de ce qu’était la situation de Georges Ibrahim Abdallah et de ce qu’elle impliquait, pour tous, et surtout trop peu auront pris conscience de la leçon de dignité que Georges nous donne depuis 25 ans, l’incroyable leçon de dignité qui fait face à une haine terrible. Ce qui vraiment saute aux yeux lorsqu’on observe la situation de Georges c’est le contraste entre l’incroyable haine qu’il suscite, en face, et sa dignité, sa sérénité, la justesse de son combat qu’il mène depuis 25 ans. S’il continue à combattre en prison à travers toutes ses prises de position, à travers son attitude Georges Ibrahim Abdallah est un détenu modèle. Mais pas comme l’administration pénitentiaire aimerait qu’il soit, c’est à dire un détenu soumis, un détenu qui se renie, mais au contraire il est un détenu modèle pour nous, les Indigènes de la République parce qu’il exprime toute la dignité et représente cette longue chaîne de résistance qui dans le monde tient tête à l’impérialisme.


Il est ici Georges qui vient de ce Liban lointain. Il est à l’avant garde dans le ventre de la bête, il continue à lutter dans les prisons françaises. Ce sont les Etats unis qui empêchent sa libération. La France évidemment les soutient totalement.   


On sait que les Etats-Unis sont partie prenante, et, insistent particulièrement pour qu’il ne soit jamais libéré et qu’il meure en prison. Quand à l’Etat d’Israël, s’il n’a même pas porté plainte contre Georges, s’il ne s’est pas porté partie civile c’est parce qu’il fait le mort en attendant qu’il sorte. Il prépare ses commandos pour l’abattre en attendant sa sortie. C’est la raison pour laquelle l’Etat d’Israël n’est pas dans le dossier. Et toute la chaîne de complicité est déjà en place. Cela veut dire qu’à lui seul, il symbolise toute la haine, la haine séculaire de l’impérialisme pour les peuples du Tiers Monde.


Il est communiste, anticapitaliste, anti-impérialiste, il est antisioniste et bien sûr de ce fait tiers-mondiste, c’est à dire qu’il porte haut le désir de libération, d’indépendance des peuples qui depuis tant de siècles sont écrasés et méprisés. […]


Là où tant d’autres auraient sombré, abdiqué, cherché un échappatoire, lui ne s’est jamais renié. C’est entre autres ce qu’on lui reproche.


Il est arabe, Georges Ibrahim Abdallah. C’est un fait que cette région a toujours attiré les convoitises et continue à les attirer. Je me souviens qu’au moment de son procès, il représentait toute cette angoisse que le monde arabe et particulièrement le Liban pouvait représenter pour la France dans les années 80 et continue de représenter et le Liban qui est une chasse gardée une ancienne colonie française et comment Georges Abdallah, qui en plus est d’origine chrétienne, comment pouvait-il prendre fait et cause pour ces microbes que sont les Palestiniens dans l’esprit des impérialistes, comment pouvait-il prendre fait et cause lui faisant partie de cette communauté que la France a toujours tenté de chouchouter au Liban  bien sûr je dis tenté parce que bien sûr un grand nombre de maronites n’a jamais cédé – ils se sont engagés au contraire dans la lutte pour l’indépendance du Liban –  mais comment osait-il, c’est cela qu’on a voulu lui faire payer, il est contre nature, ce Georges Abdallah. Il est à la convergence de toutes ces haines. […] Il est l’un des plus anciens prisonniers politiques d’Europe […]


Je crois qu’il est de notre devoir absolu aujourd’hui, c’est une question de dignité pour nous tous, c’est une question d’honneur, d’espoir, de l’arracher, de le sortir des griffes dans lesquelles il a été mis. Je déplore que trop peu, déjà à l’époque mais encore aujourd’hui, les hommes politiques, les intellectuels ou les responsables associatifs n’aient  pris fait et cause pour lui. Je me souviens lorsqu’il a été jugé en 87 il y avait une tribune dans le monde où M. Spitzer répondait à quelqu’un qui se félicitait du verdict et qui avait titré son article : « un sursaut d’honneur ». Pour lui la condamnation de Georges Ibrahim constituait un sursaut d’honneur ! Spitzer a répondu par un texte très fort où il comparait Georges Ibrahim aux résistants français (lui même a été résistant pendant la guerre, franc tireur et partisan) par son combat et son courage.


Il fut un des rares à cette époque à protester de cette condamnation. Spizer a comparé la Cour spéciale qui a condamné Ibrahim aux sections spéciales de triste mémoire sous Vichy. Pendant la seconde guerre mondiale, pour obtenir rapidement la condamnation des résistants, les fascistes sous Vichy avaient mis en place des sections spéciales de magistrats, triés sur le volet, et qui allaient condamner les résistants pour le compte des allemands, à la peine de mort. [L’article de Gérard Spitzer est sur le blog Ici]


Dans le sort de Georges Ibrahim il y a de cela, de ces sections spéciales où l’on condamne un homme à la mort lente en prison pour ses idées et aussi pour l’exemple, pour éviter que le combat de Georges Ibrahim ne s’étende, ne fasse tache d’huile. On veut le couper de toutes ses relations à l’extérieur, de tout ce qui à l’extérieur pourrait exprimer pour lui une solidarité.


Il y a également du racisme dans l’affaire Georges Ibrahim Abdallah évidemment. Je me souviens de ce petit rapport des renseignements généraux qui de façon incroyable prétendait que Georges Ibrahim se serait converti à l’Islam parce qu’il avait soutenu une grève de la faim de prisonniers musulmans. Donc on en avait déduit …


Qui peut-il intéresser dans la France d’aujourd’hui ? C’est à nous qu’incombe la tâche d’en faire un symbole, de la même façon qu’une campagne est organisée pour la libération de Salah Amouri, le prisonnier franco palestinien détenu en Israël, nous devons faire de la demande de libération de Georges Ibrahim un symbole de la résistance anti-impérialiste, de la résistance anti sioniste.


Au moment où l’on veut galvauder le combat anti sioniste en le traînant dans la boue, en le mêlant à des quarterons de petits fachos en mal de base sociale, il est indispensable pour nous de dire que le combat anti sioniste vit à travers le combat de Georges, le véritable anti sionisme qui est indissociable du combat anti impérialiste. L’anti sionisme n’est pas un gadget à brandir comme un chiffon rouge dans le but de rameuter des jeunes qu’on va manipuler. L’anti sionisme est digne, nécessaire, indispensable. Il représente le combat pour la libération de la Palestine, mais également celle des peuples du Moyen Orient, contre le sionisme en tant qu’instrument privilégié de l’impérialisme, l’Etat d’Israël en tant que porte avion de l’impérialisme toujours actif. […].


Une des tâches à travers la demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah est de réhabiliter le combat anti sioniste pour ce qu’il est, une partie du mouvement général de libération des peuples d’Orient.


Il nous faut maintenant envisager une campagne la plus large possible et faire connaître Georges Ibrahim Abdallah partout dans les banlieues, partout où cela est possible. Nous devons en faire un symbole, un symbole de lutte. Il faut populariser sa lutte, raconter ce qui s’est passé. Ce n’est pas une histoire ancienne, c’est une histoire d’aujourd’hui. C’est un combat d’aujourd’hui, plus actuel que jamais. […]


Nous devons cette campagne pour sa libération non seulement à lui mais pour tous les peuples du Moyen Orient, pour tous ceux qui l’attendent, pour sa famille à laquelle nous devons penser […]

 

Youssef Boussoumah – Mouvement des Indigènes de la république

 

Site des Indigènes de la république : http://www.indigenes-republique.fr/


Article publié sur http://liberonsgeorges.over-blog.com le 20 mai 2009