À l’aube de cette troisième année d’Intifada Al-Aqsa, les masses populaires palestiniennes et leurs avant-gardes révolutionnaires sont plus que jamais déterminées à continuer la lutte et à intensifier la résistance sous toutes ses formes, armées et populaires.
Qu’il s’agisse de ces groupes d’enfants qui, dans leurs quartiers « s’opposent » à la soldatesque sioniste avec des lance-pierres ou de ces cortèges de mères qui cherchent à briser les interminables couvre-feux dans ces villes martyrisées. Qu’ils s’agisse de ces opérations kamikazes parfois tant controversées ici et là ou de ces héroïques combats non médiatisés dans les ruelles de Jénine, de Khan Younes et de la casbah de Naplouse ou ailleurs.
Ces diverses formes de lutte et de résistance sont toujours fonction de la dynamique globale de l’occupation. Elles sont aussi l’expression révolutionnaire d’une volonté inébranlable de tout un peuple décidé à continuer son Intifada jusqu’au retrait total des forces d’occupation sioniste et la création d’un État indépendant avec Al-Qods (1) comme capitale. En dépit des lourdes pertes de ces derniers mois (les nombreux cadres et dirigeants assassinés et les milliers d’autres emprisonnés) et la criminelle politique de Sharon consistant à détruire systématique les infrastructures de la société palestinienne, en dépit de tout ce qu’un peuple encerclé peut endurer lors des interminables couvre-feux, le mot d’ordre des forces vives palestiniennes demeure : « l’Intifada continuera, l’Intifada vaincra ! » .
Comme toujours, au fur et à mesure que l’ennemi généralisera sa criminelle guerre et qu’en face s’intensifiera la résistance des masses, des voix exprimant les choix de certaines strates bourgeoises du mouvement du peuple commenceront à se faire entendre bruyamment. Ainsi serait-il urgent d’arrêter toute forme de résistance armée (tout particulièrement dans les territoires de 48) à commencer, sans délai, par celle qui suscite une certaine controverse au sein du mouvement national, à savoir les opérations kamikazes. Il serait aussi opportun de condamner la violence en général et d’arrêter l’Intifada et de procéder à des réformes de l’Autorité Palestinienne (ou ce qu’il en reste). Bien entendu, cela est à la demande et sous le contrôle des Etats-Unis et leur chien de garde sioniste et en vue d’une « reprise des négociations ».
Tout naturellement, ces appels n’ont pas beaucoup de chance d’être favorablement entendus des forces vives palestiniennes ; cependant ils laisseront quand même une certaine confusion dans le mouvement des masses. L’Intifada, vivier de régénération de la direction palestinienne, est continuellement travaillée et façonnée par l’interaction de deux dynamiques intimement liées : celle de la lutte de classes propre à la société palestinienne et celle de l’antagonisme opposant existentiellement cette dernière à la colonisation d’implantation sioniste. En fait, l’Intifada Al-Aqsa est loin d’être un phénomène passager ; elle est appelée à demeurer assez longtemps l’expression vivante et conflictuelle d’une Palestine à qui l’entité sioniste dénie le droit d’exister.
Par une sorte d’aveuglement propre aux forces réactionnaires, le gouvernement israélien continue à considérer que l’Intifada n’est que l’œuvre de quelques dirigeants qu’il suffirait d’éliminer pour en finir avec la radicalisation et l’organisation du mouvement des masses. En même temps, une certaine efficacité répressive serait nécessaire, selon le criminel Sharon, mais juste « pour briser la volonté de résistance » des masses palestiniennes et les amener, sous la direction de quelques collaborateurs assez raisonnables, à une soumission bien tranquille dans des bantoustans (2) éparpillés entre les colonies de peuplement.
Le monde impérialiste a donné carte blanche à Israël pour en finir avec l’Autorité Palestinienne et régler comme bon lui semble la « révolte » des Palestiniens. Le gouvernement de Sharon n’est que l’expression sioniste de cette volonté impérialiste. Depuis un an il a tout mis en œuvre pour anéantir la possibilité effective de la création d’un État palestinien à l’ouest du Jourdain. Ainsi l’armée sioniste a-t-elle entrepris cette campagne de destruction systématique de tout ce qui est infrastructure palestinienne. Rien n’a été épargné, surtout à l’intérieur des villes : des postes et des locaux de l’Autorité Palestinienne et des services de sécurité aux réseaux de rue, d’eau et d’électricité, ainsi que les immeubles privés et publics y compris des écoles et des hôpitaux. Les assassinats des dirigeants et les arrestations de milliers d’autres qui appellent à la mobilisation et organisent la résistance contre l’occupant se multiplient de plus en plus. Il ne s’agit plus simplement de frapper durement le mouvement national palestinien et ses cadres mais, aussi et surtout, de créer le climat convenable pour faire passer ses plans politiques après avoir privé le mouvement de ses meilleurs militants.
Le gouvernement Sharon n’a pas gagné son pari. Loin de là : la volonté de résistance des Palestiniens et des Palestiniennes n’a jamais été aussi ferme. Certes, il a résilié les Accords d’Oslo en abolissant la zone A, cependant il est à noter que les Accords d’Oslo ont déjà rempli leurs fonctions pour les deux côtés :
– Pour Israël ils devaient permettre de renvoyer à la « phase terminale » les solutions des quatre grandes questions : celles des réfugiés, des frontières, des colonies et de Jérusalem.
– Pour la direction palestinienne, ils devaient permettre une certaine institutionnalisation d’une base déjà présente sur la terre de Palestine, afin d’aller en avant et de créer dans la « phase terminale » un État palestinien… Les Accords d’Oslo se sont terminés lors des négociations de la « phase terminale » où l’on a rien réalisé concernant les grandes questions, ce qui a donné d’un côté l’Intifada Al-Aqsa et de l’autre le gouvernement Sharon. Que peut faire ce dernier en plus de ce qu’il a déjà entrepris depuis plus d’un an ? Certainement, la guerre impérialiste contre l’Irak tombe au bon moment pour ce gouvernement. Cependant, elle ne lui offrira aucune possibilité d’imposer une quelconque solution viable concernant les revendications justes des masses palestiniennes. Tout au plus elle lui permettra :
– de supplanter les Accords d’Oslo par d’autres du même genre (ce qui est d’ores et déjà en train de se faire) ;
– d’œuvrer avec une fraction de la bourgeoisie palestinienne pour un cessez-le-feu tout en poursuivant la guerre contre les avant-gardes révolutionnaires et les diverses structures de l’Intifada sous le mot d’ordre : « Destruction des racines du terrorisme » ;
– d’instaurer une période intermédiaire dont la durée et les confins restent indéterminés et après laquelle on disserterait d’une énième « phase terminale ».
– Pour Israël ils devaient permettre de renvoyer à la « phase terminale » les solutions des quatre grandes questions : celles des réfugiés, des frontières, des colonies et de Jérusalem.
– Pour la direction palestinienne, ils devaient permettre une certaine institutionnalisation d’une base déjà présente sur la terre de Palestine, afin d’aller en avant et de créer dans la « phase terminale » un État palestinien… Les Accords d’Oslo se sont terminés lors des négociations de la « phase terminale » où l’on a rien réalisé concernant les grandes questions, ce qui a donné d’un côté l’Intifada Al-Aqsa et de l’autre le gouvernement Sharon. Que peut faire ce dernier en plus de ce qu’il a déjà entrepris depuis plus d’un an ? Certainement, la guerre impérialiste contre l’Irak tombe au bon moment pour ce gouvernement. Cependant, elle ne lui offrira aucune possibilité d’imposer une quelconque solution viable concernant les revendications justes des masses palestiniennes. Tout au plus elle lui permettra :
– de supplanter les Accords d’Oslo par d’autres du même genre (ce qui est d’ores et déjà en train de se faire) ;
– d’œuvrer avec une fraction de la bourgeoisie palestinienne pour un cessez-le-feu tout en poursuivant la guerre contre les avant-gardes révolutionnaires et les diverses structures de l’Intifada sous le mot d’ordre : « Destruction des racines du terrorisme » ;
– d’instaurer une période intermédiaire dont la durée et les confins restent indéterminés et après laquelle on disserterait d’une énième « phase terminale ».
Pour le moment, en Palestine, il y a la guerre. Sharon continue sa campagne de destruction. Les assassinats, les arrestations, l’arrachage des arbres et les couvre-feux dans les villes et villages dévastés n’ont pas diminué, seulement ils n’occupent plus le devant de la scène : les préparatifs de l’invasion impérialiste de l’Irak avec ses divers scénarios plus cauchemardesques les uns que les autres ne laissent pas beaucoup de place pour les « petites horreurs » en Palestine.
Certainement, la solidarité avec la Palestine aujourd’hui passe aussi par la mobilisation contre la guerre impérialiste prévue contre l’Irak. Camarades, Tout laisse supposer que la pacification américaine du Moyen-Orient avec la guerre prévue contre l’Irak sera plutôt l’instauration d’un état de guerre permanent dans la région justifiant, sinon garantissant, une présence militaire américaine assez massive. Nulle part comme ici ne s’avère aussi évidente et vraie cette formule : « Washington ne veut pas d’une solution, elle veut seulement un problème de longue durée… » L’aveuglement du gouvernement israélien le pousse à engager l’entité sioniste comme une base militaire fort utile aujourd’hui pour le dispositif américain, voire indispensable demain quand il faudrait s’attaquer à la Syrie et au Liban. Seulement, le sort des bases militaires, fussent-elles les plus importantes, n’est guère enviable…
Mobilisons-nous, camarades, contre cette criminelle guerre impérialiste ;
Mobilisons-nous, camarades, pour soutenir davantage l’Intifada et le peuple de l’Intifada.
Mobilisons-nous, camarades, pour soutenir davantage l’Intifada et le peuple de l’Intifada.
L’Intifada continuera ! L’Intifada vaincra !
Georges Ibrahim Abdallah
Prison de Fresnes, le 11 octobre 2002