Déclaration de Georges Ibrahim Abdallah – 4 juillet 2001

En 2001, Georges Ibrahim Abdallah participe au mouvement international de grève de la faim d’une semaine dans les prisons en solidarité avec les prisonniers politiques en Turquie.

Camarades,

En continuité du mouvement de solidarité avec la lutte des prisonnier-e-s révolutionnaires en Turquie, je serai en grève de la faim du 9 au 15 juillet. Tout naturellement cette démarche s’inscrit dans le cadre de notre Plate-forme du 19 juin 19991. Depuis notre précédente grève de solidarité, il y a déjà plus de six mois, la mobilisation en France ne semble pas vraiment progresser ; de toute évidence, la situation n’est pas très différente dans les autres pays. Un grand effort reste à faire pour convaincre et mobiliser les forces vives en faveur de la lutte de nos camarades.

Certes, un certain nombre de camarades ont participé ici et là à des grèves de la faim tournantes ; en Espagne, à l’initiative des camarades du PCE(r) et des GRAPO, plusieurs dizaines de prisonnier-e-s ont participé à ce mouvement qui s’est poursuivi en France à la centrale de Lannemezan où des camarades basques et un certain nombre de prisonniers sociaux antagonistes ont fait la relève ainsi qu’à Arles et Bapaume où les camarades d’Action Directe et des camarades basques portaient le mouvement en avant ; il en fut de même dans quelques prisons en Allemagne et en Grèce. Il n’empêche que la solidarité doit se développer principalement au-delà des prisons, dans la rue et au niveau des formations politiques de gauche. Justement, c’est à ce niveau que l’on voit la faiblesse de la mobilisation. Bien entendu, il y a eu des initiatives ici et là, des manifs et quelques sit-in et rassemblements en France et en Europe. Il y a eu quelques avancées tout particulièrement concernant la commission pour un Secours Rouge International.

Ceci étant, le bilan reste dans l’ensemble très modeste (mais cela n’est pas l’objet de cette déclaration, d’autres camarades s’en chargeront certainement). Je tiens à souligner seulement que nos camarades ont toujours assumé leurs responsabilités internationales ; ils ont été de toutes les batailles anti-impérialistes dans la région moyen-orientale/ méditerranéenne. Face aux forces impérialistes et aux côtés des forces vives libanaises, ils ont exprimé leur solidarité ; face à la soldatesque sioniste et aux côtés des forces vives palestiniennes, ils ont exprimé leur solidarité ; face aux assassins de l’OTAN et aux côtés du peuple irakien, ils ont exprimé leur solidarité. Nos camarades sont en droit d’attendre particulièrement de la gauche libanaise et palestinienne une solidarité qui va au-delà du geste symbolique d’un prisonnier ici ou là. Nos camarades sont en droit d’attendre aussi une plus grande mobilisation en Europe et une solidarité autrement plus ferme et plus radicale.

Nos camarades martyrs-vivants continuent la résistance avec l’abnégation qui leur est propre. Ils résistent en dépit d’une souffrance insupportable humainement et de pertes en vie inestimables. A ce jour, mercredi 4 juillet 2001, les corps de 27 des nôtres sont déjà sous terre ; ils rejoignent ainsi les 28 autres assassiné-e-s lors du massacre du 19-22 décembre 2000 et les cinq membres des familles.

En prenant le relais des camarades qui ont assuré la relève du camarade Pierre Carette des Cellules Communistes Combattantes le 3 juin, j’accompagne pour cette semaine les camarades de l’ABC/Dijon et du Comité de Lutte contre la Barbarie et l’Arbitraire dans leur initiative commune de faire du 14 juillet une journée de colère et de mobilisation en faveur de la lutte de nos camarades en Turquie. Je salue toutes les initiatives de solidarité qui portant dans la lutte les justes revendications de nos martyrs-vivants et qui dénoncent l’ignoble complicité objective des sociaux- démocrates européens : ils collaborent sans état d’âme avec le régime fasciste turc. Je m’adresse tout particulièrement aux camarades anti-impérialistes au Liban pour signaler que nous n’avons pas le droit de nous taire quand les nôtres mènent une aussi dure bataille. A tous les démocrates, faut-il rappeler que les prisonnier-e-s révolutionnaires sont et ont toujours été la pointe de tous les combats pour la démocratie en Turquie ?

Faisons nôtres les revendications de ces camarades martyrs-vivants : – Suppression des prisons de type F – Abolition des lois  » antiterroristes  » et dissolution de la Cour de sûreté de l’Etat – Condamnation des responsables des massacres dans les prisons.

La solidarité est une arme, n’hésitons pas à l’utiliser ! A bas le fascisme de l’Etat Turc ! Vive la Résistance des prisonnier-e-s révolutionnaires en Turquie ! NOUS VAINCRONS

Georges Ibrahim Abdallah, prisonnier des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises, Moulins-Yzeure

Notes 1. Cette grève de la faim contre le régime d’isolement des prison de type F se poursuit encore aujourd’hui, après 1200 jours de lutte, cent-sept prisonniers et prisonnières ont trouvé la mort dans cette lutte. 2. Georges Ibrahim Abdallah est signataire de la Plateforme du 19 juin 1999 qui rassemblait alors dans une communauté de lutte plus d’une centaine des prisonniers révolutionnaires, communistes, anarchistes, antifascistes et antiimpérialistes de différents pays.